EN ILE-DE-FRANCE comme dans le reste de l’Hexagone, l’exercice libéral a du plomb dans l’aile. Selon les dernières statistiques de l’Ordre, seulement 6 % des nouveaux inscrits au tableau francilien s’installent en cabinet de ville ou dans le privé. Les jeunes franchissent le cap de l’installation à 34 ans – contre 39 ans en moyenne nationale – mais se tournent d’abord vers l’exercice salarié (76 %) et le remplacement (16 %). Ces chiffres inquiètent l’Union régionale des médecins libéraux (URML) d’Ile-de-France. En partenariat avec les syndicats d’internes et de chefs de clinique, l’instance organise depuis dix ans des soirées de présentation de l’exercice libéral aux futurs médecins. Mardi soir, avec l’Ordre, l’agence régionale de santé (ARS) et la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), ils ont rassemblé à Paris 140 internes et chefs dont les trois quarts étaient des femmes pour les informer sur ce mode d’activité.
Le Dr Bruno Silberman, président de l’URML, souligne les enjeux de la soirée. « Quand ils sont diplômés, beaucoup de jeunes prennent 5, 6 ou 7 ans avant de s’installer, lance-t-il. Il n’y a pas de désert en Ile-de-France mais peu à peu les médecins ne seront pas remplacés en médecine générale et spécialisée. » Le directeur de l’ARS d’Ile-de-France, Claude Évin, expose le rôle de son agence pour obtenir une meilleure répartition de l’offre de soins dans la région. Les ARS disposent pour cela de plusieurs outils. L’ancien ministre de la Santé énumère le schéma régional d’organisation des soins (SROS) ambulatoire « qui sera non opposable », la filiarisation des postes d’internat, les contrats d’engagement de service public (CESP)… Ces derniers vont permettre aux étudiants de bénéficier d’une bourse mensuelle de 1 200 euros. En contrepartie les bénéficiaires s’engagent à exercer dans une région déficitaire en offre de soins pendant une durée équivalente à celle pendant laquelle ils ont bénéficié de l’allocation. L’ARS doit par ailleurs mettre en place le guichet unique d’aide à l’installation. Elle pourra enfin expérimenter de nouveaux modes de rémunération axés sur les forfaits. « Il n’y a pas de solution miracle mais nous allons essayer de mettre en place avec les professionnels de santé une boîte à outils adaptée aux situations locales », affirme Claude Evin. Les présentations se succèdent.
Pas formés à l’exercice libéral.
Les internes de médecine générale listent avec l’Ordre les démarches administratives à remplir pour remplacer puis s’installer en cabinet libéral. Les internes de spécialité présentent le site www.soignereniledefrance.org, ouvert il y a un an, et qui doit servir d’interface entre les jeunes médecins et leurs aînés. Une cardiologue et un radiologue racontent leur récente installation en cabinet libéral. La FHP et l’URML détaillent les opportunités d’installation dans la région.
Après trois heures de réunion mais peu de place pour les questions du public, les jeunes médecins ne sont pas tous convaincus. Clémence, tout juste diplômée, a obtenu les informations sur les modalités administratives qu’elle recherchait sur les remplacements en médecine générale. « Je m’attendais à plus de vécu, lâche Héloise, le visage fermé. Je ne me rends toujours pas compte de la lourdeur que peut représenter la gestion d’un cabinet ». Solène et Clémence, internes en 4e année de gynécologie médicale, s’interrogent toujours sur leur avenir. « Nous aimerions avoir une activité mixte à l’hôpital et dans un cabinet en gynécologie médicale en libéral, glisse Solène. Mais la multiplicité des actes administratifs à accomplir est un frein à l’installation. » « On n’est pas formé à cela par la fac, regrette Clémence . En fait, on découvre le métier que l’on est susceptible de faire après 10 ans d’étude lorsque l’on commence les remplacements. »
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