Faudra-t-il présenter un pass sanitaire pour obtenir une consultation en ville ? C’est ce qu’entend imposer un généraliste du Mans (Sarthe) à ses patients à partir du 1er septembre. Le médecin de 55 ans, qui souhaite rester anonyme, a expliqué sa décision à « Ouest France ».
« J’en ai fini avec la pédagogie. Je suis fatigué. Mon cabinet médical est certes un établissement privé, mais il reçoit du public. Je n’ai plus envie de mettre en jeu la santé de mes patients ni la mienne », se justifie le généraliste qui affirme que « 95 % de [ses] patients applaudissent [sa] décision ».
Les personnes non vaccinées devront ainsi lui présenter un test PCR de moins de 24 heures hors jours fériés ou ouvrés, ou de moins de 72 heures les week-ends, s’ils veulent le consulter. La mesure s’inspire de celle entrée en vigueur depuis le 9 août dans les hôpitaux, établissements de santé, sociaux et médico sociaux. Le pass sanitaire y est obligatoire hors cas d’urgence pour les personnes accompagnant les patients ou en visite ainsi que pour celles qui y sont accueillies pour des soins programmés. Les cabinets de ville et les maisons de santé ont été exclus de ce dispositif.
Hors de question, dit le président du conseil départemental de la Sarthe
L’initiative de ce généraliste du Mans n’a pas reçu l’aval du Conseil de l’Ordre des médecins. « Il est hors de question qu’un médecin demande un pass sanitaire pour recevoir un patient », a confié à « Ouest France » le Dr Franck-Dominique Bruel, l’actuel président du conseil départemental de la Sarthe, qui envisage de demander des comptes à son confrère.
L’Ordre pourrait assimiler l’attitude de ce médecin à un refus de soins. Ce dernier s’exposerait à une sanction, un blâme ou une suspension d’exercice, en cas de plainte devant la chambre disciplinaire.
La question reste ouverte pour la CSMF
La CSMF n'est pas aussi catégorique sur le sujet du pass sanitaire en ville. « La question d’imposer le pass sanitaire est posée par un certain nombre de confrères et c’est légitime », confie le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF.
Les motivations de ces praticiens sont diverses, poursuit le syndicaliste : un certain nombre d’entre eux sont âgés ou atteints de maladie chronique sévère, ils souhaitent aussi protéger leurs patients qui sont exposés dans les salles d’attente et également leurs personnels qui peuvent être contaminés « même s’ils sont eux-mêmes vaccinés ». « On peut comprendre leur réaction face à des patients qui refusent de se faire vacciner et qui font courir un risque à l’ensemble de la population », relève le généraliste de Mayenne.
Cette question a été posée lors des réunions entre les professionnels et le cabinet du ministre de la Santé, qui a refusé d’inclure les cabinets de ville à la réglementation sur le pass sanitaire. Pourtant, « quelle est la différence entre un hôpital qui applique le pass sanitaire et une maison de santé où une quarantaine de professionnels de santé exercent ? On peut se poser la question », interroge le Dr Duquesnel.
L’Ordre y est également défavorable, rappelle le président des Généralistes-CSMF. Mais « un confrère peut tout à fait dire à un patient non vacciné qu’il refuse d’être son médecin traitant et le signaler à l’Ordre, suggère-t-il. Ça pourrait se concevoir de la part de certains médecins en dehors de la permanence des soins et des situations d’urgence bien sûr ».
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