LE QUOTIDIEN – Les URML vivent leurs derniers jours avant les élections du 29 septembre. Souvent méconnues des médecins libéraux, ces instances vont-elles leur manquer ?
Dr PHILIPPE BOUTIN – Je ne suis pas sûr que les unions soient méconnues des médecins. Elles leur manqueront obligatoirement car il y existait une convivialité, une vraie proximité en région. Les unions ne se bornaient pas à une représentation syndicale nationale. Depuis leur début, en 1994, la phase d’appropriation a été un peu longue mais nous avons acquis, en matière d’évaluation des pratiques professionnelles (EPP), de transmission des données et d’évaluation des besoins un rôle reconnu par les médecins et les institutions.
L’EPP est au point mort, la transmission des données médicales est difficile avec un DMP dans les limbes, la démographie médicale décline… Les unions ont-elles rempli les missions qui leur étaient assignées ?
Elles l’ont fait largement aussi bien que les instances nationales et le ministère de la Santé. Si l’EPP n’a pas fonctionné, ce n’est pas de la faute des unions. Nous n’avons pas à rougir de ce que nous avons fait dans ce domaine. Nous avons rempli notre mission. Il y a eu des atermoiements ridicules avec des virages à 90 degrés, des coups de frein brutaux, une absence totale de continuité dans les décisions. Ce dossier est caricatural d’une absence de vision politique à long terme et de décision au niveau de la santé publique. La transmission des données est à mon sens un dossier abouti des unions. L’Institut des données de santé (IDS) rencontre plus de problèmes que nous pour accéder aux données. Nous avons un progiciel viable à partir duquel nous allons travailler sur les transferts entre l’hôpital et la ville ou le suivi des contrats d’amélioration des pratiques individuelles (CAPI). Quant à la démographie médicale, les unions n’y sont pour rien s’il y a un manque d’attractivité au niveau libéral. C’est une politique globale qu’il faut mettre en cause.
En tant que président de la CNP, quels sont selon vous les projets les plus aboutis des unions ?
Comme je l’ai dit, la transmission des données aux unions est un dossier phare de la CNP depuis 3 à 4 ans. Il nous apporte beaucoup de satisfaction. Nous aurons peut-être un développement sur l’intégration dans le volet médical de synthèse du DMP. Cela nous permettra d’avoir une interface avec les agences régionales de santé (ARS). La CNP a par ailleurs été reconnue par les institutions régionales et le ministère de la Santé. Nous avons gagné une vraie légitimité au niveau national. Je n’ai jamais été gêné par le travail de l’UNML – c’est un œphémisme. Si j’ai un regret, c’est peut-être que les Unions n’aient pas été assez engagées dans des actions de santé publique. L’absence d’écoute des URML lors de la crise de la grippe A restera également une grand déception.
Vous avez déposé un recours en référé devant le conseil d’État contre les décrets des URPS qui ne prévoient rien pour le transfert des biens et des personnels. Que redoutez-vous ?
La loi HPST est mal ficelée. Elle ne prévoit pas de période transitoire. Elle évoque une commission de transfert avec la possibilité de saisir la justice en cas de désaccord mais sans donner de date butoir. C’est un manque de discernement. Je ne comprends pas que le législateur ait évité ces questions qui sont pourtant essentielles. Le décret de juin 2010 fait cesser théoriquement l’activité des URML. Nous devons gérer les affaires courantes mais nous conservons la possibilité de transférer les biens mais comment ? On ne le sait pas.
Le Dr Boutin préside, sous l’étiquette CSMF, l’URML de Poitou-Charentes.
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