« Savez-vous dire non à vos patients quand c'est nécessaire, pourquoi et dans quelles circonstances… ? » Il y a quinze jours, nous avons via un sondage sollicité les internautes du « Quotidien » sur ce sujet.
Sur la base des 333 réponses exploitables qui nous sont parvenues – et un grand merci à ceux d'entre nos lecteurs qui se sont prêtés à l'exercice pour constituer un échantillon (absolument pas représentatif) de la profession (1) –, voici les enseignements de cette enquête impressionniste.
Nous les tirons avec le concours d'un médecin généraliste qui a entrepris de creuser cette question du « savoir dire non », le Dr Jean-Pierre Durand.
Dire non, c'est difficile
Premier constat, sans appel : il est difficile de dire non à un patient. Près des trois quarts des médecins interrogés (73 %) en conviennent. Et logiquement, plus un médecin est jeune, et plus c'est difficile.
Dans le détail, répondre par la négative semble particulièrement ardu quand un patient demande un examen inutile : 40 % des répondants estiment qu'il s'agit d'une situation où il est difficile de dire non. Même chose face à une requête abusive d'arrêt de travail : 35 % ont du mal à s'y opposer – chez les moins de 45 ans, 49 % n'y arrivent pas.
Quant aux raisons avancées pour ne pas dire non (alors qu'il le faudrait), elles sont surprenantes puisque c'est la peur « de se tromper » qui semble l'emporter : 55 % la mettent en avant (62 % chez les plus jeunes) tandis que « la crainte de déplaire » n'est avancée que par 43 % des répondants (plusieurs réponses possibles).
Un paradoxe
Enfin, une réponse paradoxale est relevée par le Dr Jean-Pierre Durand : « Les médecins, quand ils ne savent pas dire non, ne le font pas motivés par la peur de perdre leurs patients [avouée par 13 % de l'échantillon seulement] mais bien davantage sous le coup de la peur de leur déplaire [43,5 %]. Peut-être, poursuit notre expert, faut-il y voir un petit reflet de la situation de la démographie médicale… »
(1) L'échantillon est constitué à 66 % de médecins libéraux, 22 % de salariés et 12 % de praticiens en exercice mixte ; 68,5 % exercent en milieu urbain, 24,5 en milieu semi-rural, 7 % en milieu rural ; 32 % ont moins de 45 ans, 43 % entre 45 et 60, 25 % ont plus de 60 ans.
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