PHILIPPE Nauche est député-maire (PS) de Brive-la-Gaillarde, anesthésiste-réanimateur de formation. Deux bonnes raisons pour se sentir concerné par la problématique des déserts médicaux. Son pouvoir d’élu, il le tempère grandement : « C’est très difficile de renverser une situation de désertification uniquement grâce à la volonté des élus. S’il n’y a pas quelques professionnels qui décident que c’est leur affaire, les élus tapent dans un tambour, ça fait de la musique, et c’est tout. »
En Corrèze, des territoires de proximité maillent le département, centrés sur Tulle, Brive-la-Gaillarde et Ussel, les trois villes dotées d’un hôpital. Mais il y a un trou dans la carte, long de 55 km et large de 35 km : le plateau de Millevaches, et ses 10 000 âmes. « Un vrai souci de désertification », résume Philippe Nauche. Les incitations ? « Chez nous, elles ne marchent pas », observe le député-maire. Qui, sans l’appeler ouvertement de ses vœux, avoue ne pas être farouchement opposé à une forme de coercition. Ou à des réseaux mutualistes se substituant au médecin traitant.
Casse-tête.
Dans les zones rurales où elle est bien implantée, l’hospitalisation à domicile (HAD) est « amenée à prendre de plus en plus la place du médecin traitant », note de son côté Élisabeth Hubert, la présidente de la FNEHAD. La dernière structure de HAD installée se situe en Lozère. Un soulagement pour les médecins libéraux du coin, déchargés de certaines tâches administratives. Problème, le recrutement du médecin coordonnateur à la tête de la structure n’est pas encore bouclé. HAD et médecine ambulatoire, même combat : les recrutements médicaux tournent au casse-tête.
Le DG de l’ARS de Picardie fait lui aussi le constat de marges de manœuvre limitées. « Il faut savoir partir des projets locaux, on ne peut pas tout imposer, déclare Christian Dubosq. Les dispositifs incitatifs existants ne sont pas suffisants ». Si les problèmes financiers se règlent bien souvent, mobiliser les acteurs s’avère une autre paire de manches. Le patron de l’Agence picarde et ses collaborateurs ont fait la tournée des territoires pour trouver des maîtres de stage pour les internes. Verdict : « Ça n’a pas été un franc succès. Il va falloir adapter la méthode... ». La Picardie organisera en 2014 les premières assises régionales du premier recours.
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