LA SOCIÉTÉ française de pédiatrie, présidée par le Dr Alain Chantepie, tiendra son congrès annuel du 11 au 14 mai à Marseille. L’occasion de rappeler, à travers de nombreux thèmes scientifiques, les spécificités d’une spécialité qui reste en mal de reconnaissance.
« Nous tirons aujourd’hui un signal d’alarme », s’exclame Alain Chantepie. « Il y a moins de 6 500 pédiatres inscrits à l’Ordre des médecins, et ils sont extrêmement mal répartis sur le territoire : certaines régions ne possèdent que 30 pédiatres pour 100 000 habitants, comme le Centre, Poitou-Charentes, l’Auvergne, la Bourgogne, tandis qu’ils sont 3 fois plus nombreux en Ile-de-France ou en Provence Alpes Côte d’Azur. Dans certains départements comme la Haute-Loire, l’Indre, ou la Lozère, il n’y a qu’un pédiatre libéral, si ce n’est plus aucun », détaille le président de la Société française de pédiatrie. « L’égalité d’accès aux pédiatres n’est pas respectée : dans certains territoires, les parents qui le désirent ne peuvent se rendre dans un cabinet », renchérit le secrétaire général de la SFP, Patrick Tounian.
Et les réponses tardent à venir, déplorent les deux professionnels. Certes, le numerus clausus a été relevé et le nombre de pédiatres formés est passé de 196 à 280 par an. Mais c’est loin d’être suffisant. Selon les chiffres du conseil de l’Ordre des médecins, cités par le Dr Chantepie, 287 spécialistes sont partis à la retraite l’an dernier alors que seulement 150 jeunes se sont installés. Surtout, cela ne règle en rien la question de la démographie médicale. « Les nouveaux pédiatres ne sont pas attirés par les régions désertiques, ils veulent rester à l’hôpital ou exercer en libéral, dans une grande agglomération de plus de 200 000 habitants », remarque Alain Chantepie. De là à vouloir obliger les carabins à s’installer en zone sous-dotée momentanément à la fin de leurs études, il n’y a qu’un pas. « Mais il faut prévenir les étudiants avant qu’ils entament leur cursus », tempère le Dr Chantepie, qui ne s’attend néanmoins pas à une telle mesure à un an des présidentielles.
Bien que 80 % des enfants soient suivis par un généraliste, les Dr Chantepie et Tounian ne veulent se résoudre à la disparition de la pédiatrie, spécialité irréductible à la médecine générale selon eux. Ainsi la couverture vaccinale de la rougeole est 15 points plus élevée pour les enfants qui voient un spécialiste. De même, les missions de prévention et de dépistage de troubles du langage par exemple, sont mieux prises en charge par un pédiatre, estiment-ils. Comme l’identification des céphalées chez les tout-petits. Autant de thèmes qui seront abordés au congrès de Marseille parmi d’autres comme la vaccination, ou la nutrition.
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