DE NOTRE CORRESPONDANTE
C’EST SANS DOUTE l’une des plus anciennes maisons de santé du territoire (à l’époque, on parlait plutôt de maison médicale…) qu’a visitée Élisabeth Hubert lundi, à Steenvoorde. Installée au cœur de ce village de
4 000 âmes, elle totalise 37 années d’existence. Autant dire que l’expérience de l’équipe intéressait l’ancienne ministre de la santé dans sa quête de solutions concrètes aux difficultés de la médecine de ville.
La démographie médicale de ce canton des Flandres est peu différente du reste du département : des médecins qui dévissent leur plaque et personne pour prendre le relais. À Steenvoorde, deux généralistes sont partis depuis 2008. Ils sont encore huit, mais pour combien de temps ? Dans ce contexte, la maison de santé est une chance : « Les jeunes médecins ne veulent plus s’installer seuls. Ici, ils disposent d’une structure, d’un secrétariat. C’est un atout ! », constate le Dr Verniest, responsable de la maison.
Cinq généralistes, autant de kinés, 3 infirmières et un coordonnateur : la structure est aujourd’hui bien rôdée. Elle dessert tout le canton, soit 13 000 habitants et a une file active de 8 000 patients. Actuellement sous statut associatif, elle espère décrocher le label « maison de santé ».
Les limites de la tarification à l’acte.
Lors d’un échange très direct avec l’équipe, Élisabeth Hubert a abordé tous les sujets d’inquiétude ou de friction de ces professionnels : la façon de partager l’enveloppe allouée à la coordination, l’investissement consenti par les médecins, ou encore la régulation des urgences, ce dernier volet étant très sensible. « Nous avons eu trois morts dans la structure depuis 2003, ce qui a provoqué une grande souffrance chez les soignants, souligne le Dr Verniest. Depuis, nous réfléchissons aux moyens de déclencher les soins adaptés. »
Autre sujet de préoccupation : l’effort financier consenti par les membres de l’équipe pour payer les murs de la structure. « Si pour des raisons personnelles, l’un de nous a besoin de récupérer sa mise, trouvera-t-il un professionnel de santé capable de lui racheter ses parts ? », s’interroge une kiné.
La ministre et l’équipe ont également discuté très ouvertement des limites de la tarification à l’acte « qui pousse à la consommation et n’est pas satisfaisante pour le suivi des malades chroniques » remarquait une généraliste. Nouveau forfait pour les patients en ALD ? Tarification par pathologie avec un risque de protocolisation ? Plusieurs pistes ont été avancées.
Trois internes actuellement en stage dans la maison médicale ont évoqué leur installation future : pour eux, point de salut dans l’exercice solitaire de la médecine générale. Tous souhaitent exercer en libéral… mais si possible en groupe. Et pourquoi pas en maison de santé. « Pour un jeune médecin, c’est rassurant de savoir que d’autres professionnels vont aller au chevet du malade et exercer une sorte de veille », confiait l’une d’elles. Autre argument : « les horaires sont aussi plus confortables ». Indéniablement, l’exercice pluridisciplinaire en maison de santé a le vent en poupe chez les jeunes médecins.
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