La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a lancé ce lundi une grande concertation autour de la stratégie nationale de santé (SNS) qui sera adoptée en décembre par décret et fixera les priorités et les objectifs pour cinq ans. « L'objectif est de développer une vision de moyen et long terme et de ne pas piloter à vue les organisations ou choix stratégiques à venir, a expliqué Agnès Buzyn. Cela nous permet de prendre du recul pour redonner de l'impulsion et du souffle à nos politiques de santé ».
Dans les pas de Touraine
Prévue dans la loi de santé de Marisol Touraine, la SNS s'articulera autour de quatre thématiques retenues sur la base d'un rapport du Haut conseil de la santé publique (HCSP) remis ce lundi : la prévention et la promotion de la santé tout au long de la vie et dans tous les milieux ; la lutte contre les inégalités sociales et territoriales d'accès à la santé ; la nécessité d'accroître la pertinence et la qualité des soins ; et l'innovation (télémédecine, objets connectés, etc.).
Agnès Buzyn a réitéré son intention de placer la prévention au cœur de son action en citant la promotion d'une alimentation saine, de l'activité physique ou la lutte contre les addictions et contre les maladies infectieuses. Le rapport du HCSP réclame précisément un « virage préventif » du système de santé français et suggère à cet effet de créer un fonds spécifique dédié à la prévention. Il recommande de mettre l'accent sur les trois facteurs de risque (alimentation, alcool, tabagisme) qui expliquent une part majeure de la mortalité évitable, ainsi que sur les questions de pollution. « L’implication des professionnels de santé dans la prévention sera renforcée dans le cadre d’accords conventionnels », promet déjà le ministère.
D'autres chantiers sont au programme. Côté parcours de soins, le rapport du HCSP invite à sortir du modèle français du « tout hôpital » et épingle le poids majeur des hospitalisations ponctuelles. « Il nous appelle à renforcer la place des soins ambulatoires et les soins de premier secours pour mieux concilier proximité et qualité des parcours de soins de nos concitoyens », analyse Agnès Buzyn.
L'évolution de la tarification à l'activité est également à l'ordre de jour. Elle devra « mieux prendre en compte les parcours, la qualité et la pertinence des soins ».
Consultation ouverte aux Français dès novembre
L'objectif du gouvernement est la mise en œuvre de cette stratégie nationale de santé « dès 2018 ». La concertation doit démarrer dès la semaine prochaine, jusqu'à mi-octobre. « J'ai demandé aux directeurs du ministère de la Santé de lancer une large concertation auprès des principaux représentants du secteur de la santé, des élus et des usagers », a expliqué la ministre. En novembre, le premier projet sera soumis à la consultation publique. Il « sera mis en ligne sur un site Internet sur lequel les Français pourront réagir et faire leurs propositions », a précisé Agnès Buzyn.
Dès son adoption, la stratégie sera déclinée dans les territoires grâce à des projets régionaux de santé définis par les agences régionales de santé (ARS) au premier semestre 2018. À l'échelon national, la stratégie sera traduite « en mesures concrètes dans le cadre des plans et programmes ». Un plan de lutte contre les déserts médicaux sera ainsi dévoilé début octobre.
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