Initialement retraité à 67 ans, le Dr Jean-Louis Pourquier s’ennuyait de ne plus soigner. Un an après avoir rangé le stéthoscope, le généraliste décida de reprendre du service comme remplaçant. Et à 80 ans aujourd'hui, il exerce toujours, à raison de trois mois de remplacements par an. « Le Quotidien » est allé à la rencontre de ce médecin passionné.
C'est dès son premier stage à l’hôpital que le Dr Pourquier comprend que soigner, « soulager les souffrances physiques et surtout morales » vont donner un sens durable à sa vie. « C’est ce qui m’anime encore aujourd’hui », glisse le praticien octogénaire qui exerce à Vaux-sur-mer, en Charente-Maritime.
Les maths plus que la vigne
Rien pourtant ne prédestinait cet Oranais à la médecine. Fils d’agriculteurs, vivant en Algérie depuis cinq générations, la guerre conduit sa famille dans un domaine viticole du Médoc. Mais lui ne s’intéresse guère à la vigne, sa passion, ce sont les maths. Il rêve de prépas, de grandes écoles, mais au prestigieux lycée Montaigne de Bordeaux, on lui signifie que son bac obtenu à Oran ne vaut rien.
Dépité, il s’inscrit en mathématiques à la fac de Bordeaux, mais échoue. Son père le somme alors de trouver sa voie, sinon c’est le tracteur ! Il se reconvertit alors vers la médecine qu'il réussit « haut la main » et se tourne vers la gynécologie. Mais le jour où son « grand patron » refuse de le laisser partir pour faire un remplacement, cet homme de caractère rend sa blouse.
Prendre du temps pour ses patients
Il sera finalement généraliste. Après quelques remplacements, il s’installe en 1975, à Cognac (Charente), avec un jeune confrère oranais. Pendant 34 ans, il exercera avec passion, 60 à 70 heures par semaine. « Prendre du temps, écouter ses patients est essentiel, surtout pour traiter les problèmes psy qui concernent une consultation sur trois, une proportion qui a flambé avec la pandémie », confie ce médecin de famille à l'ancienne.
Son cabinet grandit jusqu’à regrouper quatre médecins, lorsque le Dr Jean-Louis Pourquier décide en 2009 de prendre sa retraite. « J’avais mes trimestres et trouvé un confrère qui rachetait ma patientèle », se souvient-il. Mais au bout d’un an, soigner lui manque trop. Et comme un confrère généraliste de Vaux-sur-Mer – où il vient d’acheter une résidence secondaire – cherche un remplaçant, il entame cette deuxième carrière à raison de trois mois par an !
Pas sujet au stress
Aujourd’hui, à 80 ans, son enthousiasme demeure intact. « J’ai la chance de pas être sujet au stress ou à l’angoisse, sourit-il. Levé à deux heures du matin pour aller voir un patient, à mon retour, je me rendors en 30 secondes. Mes confrères disaient que j’étais fait pour ce métier. Et pour rester dans le coup, je lis les journaux médicaux et je fais trois formations par an. »
En parallèle, le Dr Jean-Louis Pourquier a eu une « seconde vie » : le tennis. « J’ai arrêté la compétition à 70 ans quand mes genoux m'ont lâché, explique-t-il. Aujourd’hui, sans compétition, ça ne m’intéresse plus. » Il se contente de siéger au comité départemental, d'arbitrer, de former des arbitres et d'organiser quatre tournois par an. Pour le côté compétitif, il s’adonne au bridge, chaque matin sur internet, « pour me maintenir dans les classements ». Quand on lui demande jusqu’à quel âge il compte exercer, sa réponse fuse : « Tant que mes neurones fonctionneront, je ne me fixe pas de limites ! »
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