La conférence des présidents des commissions médicales d'établissement (CME) des centres hospitaliers (CH) a rendu publique ce jeudi une plateforme détaillée de mesures à l'attention des candidats à la présidentielle.
À l'heure où l’hôpital et les professionnels qui y travaillent « vont mal », ces propositions jugées « indispensables à mettre en œuvre » à l'horizon du prochain quinquennat visent à redonner de l'attractivité aux 740 établissements de petites et moyennes tailles, qui représentent 57 % des lits du parc hospitalier et 42 % des séjours en médecine, chirurgie et obstétrique. Présidée par le Dr Thierry Godeau, la conférence des présidents de CME de CH partage en partie la vision de la Fédération hospitalière de France (FHF) mais défend également quelques idées avancées par les syndicats de praticiens hospitaliers.
Valeur ajoutée
« Urgence vitale à réanimer », l'attractivité médicale hospitalière ne peut trouver un second souffle sans concentrer le temps médical « sur les activités à fortes valeurs ajoutées », lit-on dans la plateforme. Cette dynamique médicale va de pair avec une « accélération » des transferts de compétence, une meilleure informatisation et une simplification des charges administratives.
Côté statut, les médecins des CME de CH réclament davantage de souplesse pour les hospitaliers (modularité des modes d'exercice tout au long de la carrière). Il convient aussi de revaloriser les rémunérations des PH « particulièrement en début et fin de carrière, améliorer le régime des retraites et encadrer le recours à l’intérim pour le rendre moins attractif ». Autre requête forte : de nouvelles modalités d’intéressement forfaitaire pour certaines activités médicales des PH (objectifs qualité, prévention, santé publique…).
Toujours en guise d'équité, la conférence souhaite inscrire les professions médicales dans les dispositifs sociaux nationaux comme le compte personnel de formation et le compte pénibilité. Quant à la participation des libéraux au fonctionnement des hôpitaux de proximité, elle doit être « mieux valorisée et homogénéisée ».
Pour combattre la désertification médicale, la régulation des postes à l'hôpital et de l'installation en ville nécessite des « adaptations », avance avec prudence la conférence. Une gestion prévisionnelle plus fine des ressources hospitalières à l'échelle territoriale (entre CHU, GHT et université) et une meilleure adéquation de la répartition des postes aux ECN avec les besoins démographiques sont deux solutions envisagées.
Plus de consultations avancées
Alors que les établissements peaufinent le projet médical partagé de leur GHT (attendu le 1er juillet), les CME de CH veulent renforcer le positionnement spécifique des hôpitaux de proximité en « développant les consultations avancées de spécialité, la télémédecine et la recherche clinique » et en soutenant le « lien privilégié » entre ces établissements et la médecine de ville. Mesure très symbolique, les généralistes pourraient participer aux instances médicales des GHT. Dans le même esprit de « décloisonnement » ville/hôpital, la conférence milite également pour la création de nouveaux métiers paramédicaux de coordonnateur de parcours de soins.
Concernant les recettes hospitalières enfin, la conférence des présidents de CME de CH souhaite engager un « financement au parcours » en débutant par les filières protocolisées (IRC, prothèses de hanche…) puis en l’étendant aux maladies chroniques. La plateforme réclame aussi la prise en compte financière du surcoût des séjours non programmés urgents. Enfin, elle préconise la création de forfaits pour les consultations longues, les RCP, et la télémédecine. « La politique actuelle du rabot pour tous, associée à une doctrine inflationniste de l’activité, est mortifère pour l’hôpital, peut-on lire. L’évolution du financement à l’activité vers un système mixte – intégrant activité, qualité, pertinence et besoins de la population – devient incontournable ».
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