Le Dr Vincent Lodini pensait avoir trouvé la parade pour continuer à exercer son métier alors même qu’il n’était pas vacciné contre le Covid pour des raisons médicales. Suspendu par le centre hospitalier qui l’employait en Bretagne, le médecin urgentiste avait débuté une activité de téléconsultation au sein d’une entreprise spécialisée installée en région parisienne.
« Pour avoir un revenu. Je fais environ 15 heures de consultations par semaine », confiait-il à « Ouest France » il y a quelques jours. Pas de contact avec les patients, ni avec d’autres soignants, le Dr Lodini pensait être dans les clous. Il a dû renoncé à son projet.
L’obligation vaccinale s’impose « sans distinction selon les modalités d’exercice », confirme au « Quotidien » le ministère de la Santé. Un médecin non vacciné qui poursuivrait son activité, même en téléconsultation à 100 %, serait dans l’illégalité. Il s’exposerait à des amendes et à une peine de prison.
Certains praticiens rétifs aux vaccins anti-Covid ont-il été malgré tout tentés de se tourner vers les plateformes de consultation comme le Dr Lodini ? « Nous n’avons pas constaté une hausse des candidatures au cours des dernières semaines », répond le Dr Alexandre Maisonneuve, directeur médicale de Qare, l’une des principales plateformes de téléconsultation française. Les médecins candidats sont d’ailleurs prévenus qu’ils devront justifier de leur statut vaccinal avant le recrutement, précise-t-il.
Une dizaine de praticiens suspendus
Qare avait pris les devants dès la mi-septembre. « Tous les médecins que nous employions sur notre service avaient été priés de nous envoyer un justificatif de vaccination », indique le Dr Maisonneuve. Environ 80% des praticiens ont été sondés à ce jour, une dizaine d’entre eux n’ont pas satisfait à la demande. « Nous avons suspendus leur activité le 15 octobre, en attendant qu’ils se mettent à jour », dit-il.
Seuls les praticiens employés directement par Qare (environ 50 % des utilisateurs de la plateforme) sont concernés par cette démarche, pas les libéraux qui utilisent la plateforme en tant que clients, pour assurer des téléconsultations auprès de leurs patients. La loi impose aux employeurs de vérifier le statut vaccinal de leur personnel soignant, sous peine d’une amende allant jusqu’à 1500 euros. Même si Qare n’est pas l’employeur principal des médecins exerçant sur sa plateforme, il a estimé qu’il était de son devoir de contrôler la vaccination de ces intervenants.
Pour le Dr Maisonneuve, il n’y a pas de raison que la téléconsultation échappe à l’obligation vaccinale. « C’est normal. Si vous êtes soignant, vous ne pouvez pas vous affranchir des règles de santé publique, justifie le directeur médical de Qare, même si vous gardez votre libre arbitre de médecin et votre liberté de prescription ». La téléconsultation ne doit pas être un exercice exclusif mais un complément à une activité en présentiel, ajoute-t-il : « Je n’imagine pas un médecin qui ne ferait que de la téléconsultation, ça n’a pas de sens ! Il faut garder une pratique physique… il faut mettre une main sur le ventre, il faut écouter un cœur avec un stéthoscope. »
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