« Cette situation (...), nous en héritons et elle est le résultat d'années et d'années de mise sous tension. » Lâché par Emmanuel Macron au plus fort du conflit hospitalier, cet état des lieux en forme d'aveu, d'excuse et presque d'impuissance en dit long sur le désarroi du pouvoir actuel face aux mouvements sociaux qui ont agité le monde de la santé en 2019. Rarement le secteur aura été autant secoué. Et ce n'est pas fini : voilà qu'internes et médecins généralistes entrent dans la danse… La crise est multiforme. Financière, avec une dette hospitalière qui avoisine les 30 milliards d'euros, un déficit qui affecte six établissements sur dix et un trou de la Sécu qui renaît. Organisationnelle, les professionnels de santé ayant été confrontés ces vingt dernières années à une indigestion de réformes. Démographique, alors que la pénurie de soignants n'a jamais semblé aussi aiguë. Identitaire enfin, les blouses blanches supportant de plus en plus mal insécurité et mises en cause.
À l'aube de 2020, pour les pouvoirs publics, toute la difficulté tient désormais dans ce dilemme : faut-il privilégier les solutions d'urgence – quitte à faire une pause dans la transformation en cours — ou continuer à moderniser à vitesse grand V ? Le gouvernement a déjà commencé à lâcher du lest pour jouer l'apaisement. Et Agnès Buzyn va devoir continuer à donner des gages. Pour autant, impossible d'abandonner la logique réformatrice. Et pas seulement pour des motifs idéologiques. Car le virage engagé est aussi une réponse aux besoins immédiats, s'agissant de la délégation de tâches, de l'essor de la télémédecine, de l'embauche d'assistants médicaux, de la multiplication des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ou de la mise en place du futur service d'accès aux soins (SAS). C'est donc un pas de deux avec les acteurs de santé que le gouvernement va devoir exécuter l'an prochain. Les mois qui viennent diront si cela tourne au grand écart périlleux ou si c'est une déclinaison réussie d'une recette macronienne bien éprouvée: en même temps…
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