Le nombre de praticiens formés à l'étranger et qui exercent en France a presque doublé ces dix dernières années, selon les chiffres de l'Atlas de la démographie médicale présentés ce jeudi par le Conseil national de l'Ordre des médecins. De 14 089 en 2007, ils sont désormais 26 805 en 2017. Selon des projections, leur nombre devrait même dépasser 30 000 en 2020.
Sur ces effectifs, 22 619 médecins diplômés à l'étranger et inscrits au tableau ont une activitée régulière, soit 11 % des praticiens en exercice régulier.
Une majorité de ces praticiens (56 %) ont été formés hors de l'Union européenne (dont 4 775 en Algérie) mais le nombre de diplômés européens a fortement augmenté ces dernières années. « L'harmonisation du marché du travail à l'échelle européenne a facilité la venue des travailleurs qualifiés », observe l'Ordre.
Le profil de ces médecins à diplôme étranger présente un curieux paradoxe. Alors que les femmes sont majoritaires (55 %) chez les praticiens titrés en Europe (46 ans de moyenne d'âge), elles représentent moins de 30 % des extra-européens. Ces blouses blanches qui ont appris leur métier hors de France ont une préférence pour l'activité salariée (62 %), seulement 25 % pratiquant en libéral et 13 % en exercice mixte.
7,5 fois plus de diplômés roumains qu'en 2007
L'Ordre a réalisé un focus sur les médecins diplômés en Roumanie, qui sont les plus représentés parmi les praticiens formés en UE devant les Belges, les Italiens, les Allemands et les Espagnols.
Les docteurs qui ont suivi leur cursus en Roumanie sont aujourd'hui 4 254, soit 7,5 fois plus nombreux qu'en 2007 (3 900 sont de nationalité roumaine), dans deux tiers des cas des femmes, âgées de 46 ans en moyenne. Près d'un millier exercent la médecine générale. « Le cas de la Roumanie permet de constater que l'importance majeure de ces flux n'est pas sans conséquence sur l'offre de soin du pays d'origine et peut provoquer une grave crise démographique », analyse l'Ordre. Selon le CNOM, la situation doit amener les pays d'accueil à réévaluer leur « mode de régulation de la filière et leur sélection à l'entrée ».
Si le recours à des médecins étrangers peut apparaître comme une solution quantitative et temporaire aux défis de la démographie médicale, les praticiens recrutés ne vont pas forcément exercer là où leur présence est ardemment souhaitée. « Les médecins roumains font les mêmes choix d’installation que les médecins français. Ils ne servent pas à combler le déficit en offre de soins dans les zones déficitaires », observe le Dr François Arnault, membre du bureau national (Poitou Charentes), délégué général des relations internes.
L'Ordre souhaite qu'une réflexion éthique soit menée pour accompagner les médecins diplômés à l'étranger. « Ils doivent bénéficier, au même titre que leurs confrères, de la confraternité, de l'entraide et ne doivent pas être considérés comme des envahisseurs. »
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