« C’EST une initiative qui est regardée avec beaucoup d’attention par les tutelles. Elles nous ont dit que c’est la première fois qu’on leur propose un projet de ce type », explique le Dr Jacques Niney, président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR), en évoquant le Projet professionnel commun de l’imagerie médicale. Mis en œuvre à l’initiative du Conseil professionnel de la radiologie (G4), ce projet est né d’une question toute simple : comment optimiser la prise en charge radiologique sur l’ensemble du territoire ? « Cette question se pose déjà de manière cruciale dans un certain nombre de zones du territoire. Et à l’avenir, ce problème de l’efficience de la prise en charge radiologique ne va cesser de prendre de l’importance », souligne le Dr Niney, en faisant référence au problème de la démographie médicale.
Aujourd’hui, on recense en France environ 7 250 médecins radiologues en exercice. Au sein des hôpitaux publics, on compte environ 1 200 praticiens hospitaliers : 35,5 % des postes à temps plein et 46,6 % des postes à temps partiel sont vacants. « Les jeunes radiologues ne sont plus attirés par le statut de praticien hospitalier, y compris dans les CHU. Ils ne sont pas plus attirés par une carrière libérale et choisissent de plus en plus le statut de remplaçant « permanent » en ville ou à l’hôpital », souligne dans un document commun la FNMR, le Syndicat des radiologues hospitaliers (SRH) et la Société française de radiologie (SFR). Dans la foulée, ce document rappelle que d’ici 2025, l’Observatoire de la démographie des professions de santé (ONDPS) prévoit une diminution de 25 % des effectifs.
Perspectives démographiques.
Selon le Dr Niney, ces perspectives démographiques amènent forcément à se poser la question : comment maintenir une offre de soins satisfaisante avec un panel de radiologues qui va en décroissant et avec des moyens alloués qui n’iront pas en augmentant ? « Quand on examine la situation de façon un peu précise, on se rend compte que les problèmes, aujourd’hui, se posent surtout pour les hôpitaux de taille moyenne, les centres hospitaliers généraux (CHG) qui coexistent avec des structures libérales qui, elles-mêmes, ne sont pas dans un état florissant à cause des atteintes économiques qu’elles ont subies. Il y a donc une logique, dans certaines zones géographiques, à réunir des ceux structures en une seule entité pour mettre en commun des moyens techniques et humains et offrir au bout du compte aux patients une prise en charge efficiente », indique le Dr Niney.
À partir de ce constat, la FNMR, avec le soutien actif du SRH et de la SFR, a organisé en janvier 2009 un séminaire professionnel qui a débouché sur la mise en place de différentes commissions. « Ensuite, nous avons tenu une réunion de synthèse au début de 2010 », explique le Dr Niney. Pour bâtir leur réflexion, la FNMR, la SFR et le SRH ont d’abord tiré les leçons de diverses expérimentations conduites en France. « Parmi ces expériences innovantes, on peut citer, par exemple, celle menée dans une ville du nord de la France, située dans une zone géographiquement enclavée et socialement défavorisée. Sur place, les médecins radiologues ont pris la décision de fermer leur cabinet et de le transférer dans les locaux du centre hospitalier qui, de son côté, ne disposait plus de radiologues et s’était regroupé sur un seul site, avec la clinique privée ». Sur ce site, toute l’activité est réalisée en mode libéral, en temps réel, ce qui permet d’éviter les délais d’examens et de diminuer les durées de séjour des patients hospitalisés.
POSIM.
A partir de ces différentes expérimentations, la FNMR, le SRH et la SFR ont décidé de proposer la mise en place d’un Projet professionnel commun à partir de Pôles Sectoriels D’Imagerie Médicale (POSIM). « Un POSIM est la constitution, dans une zone géographique donnée (locale, sectorielle ou « territoriale » » au sens de la loi HPST) d’un regroupement de moyens entre plusieurs acteurs de l’imagerie médicale. Fondé sur un projet médical commun, le POSIM vise à assurer le fonctionnement harmonieux d’un plateau d’imagerie complet et diversifié, de taille suffisante et mutualisé, tout en assurant la radiologie de proximité », notent, dans un document de présentation, la FNMR, le SRH et laSFR.
Le POSIM peut être un regroupement public-public, privé-public ou privé-privé sur tout ou partie de l’activité. « Le POSIM peut ainsi ne concerner qu’une filière de soins (la mammographie et le cancer du sein par exemple) lorsque les compétences sont réparties entre plusieurs structures. Il peut s’appuyer sur le SROS ambulatoire indicatif prévu dans la loi HPST et le SROS imagerie, en liaison avec le G4 régional mais ne doit en aucun cas être un regroupement artificiel imposé par les tutelles. Il doit se fonder sur un projet médical, au service des patients et un intérêt commun à agir », souligne le document.
La constitution d’un POSIM doit s’accompagner d’une convention avec l’ARS permettant de doter le POSIM des autorisations d’activités d’imagerie avec les équipements nécessaires (scanner et IRM notamment) à son fonctionnement. Le POSIM doit disposer d’un système d’information radiologique et d’un système d’archivage et de partage des images (PACS).
Lever les freins.
Pour le Dr Niney, le POSIM représente à l’évidence une solution pour permettre de continuer à assurer l’efficience de la prise en charge radiologique sur l’ensemble du territoire. « Le clivage entre l’imagerie médicale publique et libérale n’a plus lieu d’être aujourd’hui. Toute l’imagerie doit être organisée autour de l’offre de soins », souligne le président de la FNMR, en reconnaissant l’existence de nombreux freins à cette évolution. « Il s’agit de freins administratifs, réglementaires mais aussi psychologiques », indique le Dr Niney, en ajoutant que la loi HPST pourrait permettre de lever ces freins « à condition que les décrets aillent dans le sens d’un certain pragmatisme ». Le même pragmatisme et volonté d’aller de l’avant qui animent les concepteurs du projet professionnel commun.
* D’après un entretien avec le Dr Jacques Niney, président de la FNMR, trésorier du G4.
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