Une année bien sous tous rapports

Publié le 17/12/2010
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L’ANNÉE 2010, placée sous le signe de la reconquête de la médecine libérale, aura été celle de la publication de divers rapports officiels sur le même sujet, ou presque.

En janvier, le Pr Guy Vallancien, épaulé par Bérengère Crochemore (ex-présidente de l’ISNAR-IMG), Jean-Marc Juilhard (sénateur du Puy-de-Dôme) et Annick Touba (présidente du Syndicat national des infirmiers et infirmières libéraux) rendait public son rapport intitulé « Bilan des maisons et pôles de santé et propositions pour leur déploiement ». Un document attendu dans la mesure où les pouvoirs publics avaient déjà affiché leur intention de faire de ces maisons et pôles de santé une des pierres angulaires de la lutte contre la désertification médicale. Le rapport énumérait les conditions du succès de ces structures, jusque-là mises en place sans réel soutien des autorités : création d’une marque collective « maison de santé », instauration de nouvelles règles juridiques, accueil des étudiants, mise en place de nouveaux modes de financement. Guy Vallancien, emporté par son optimisme, déclarait que l’enjeu des maisons de santé était de « passer de l’artisanat médical à l’industrie du soin ».

Huit jours avant la remise du rapport Vallancien, Nicolas Sarkozy créait le « buzz » dans le monde médical en confiant au Dr Michel Legmann, président du Conseil national de l’Ordre des médecins, une mission de refondation de la médecine libérale. Un rapport plombé par ce qui devint très vite « l’affaire Saout » (du nom du président du Collectif interassociatif sur la santé - CISS). Devant le tollé médical provoqué par des propos d’un goût douteux, Michel Legmann avait essayé de débarquer le président du CISS de la mission, mais celui-ci avait refusé, arguant qu’il ne pouvait quitter le navire que sur ordre de Nicolas Sarkozy. Le 10 avril, le rapport Legmann était remis au président de la République. Il abordait les problématiques de formation initiale, d’installation, de conditions d’exercice et de protection sociale. Il reprenait à son compte la suppression des deux « mesures vexatoires » de la loi Bachelot, la déclaration préalable d’absence et le volet coercitif du contrat santé solidarité.

Las, juste après avoir reçu le rapport Legmann, Nicolas Sarkozy en confiait un autre, sur le même thème, à Élisabeth Hubert. L’ancienne ministre de la Santé a rendu sa copie fin novembre qui plaide notamment pour une refonte des études médicales et des modes de rémunération, une progression de carrière pour les médecins, un forfait structure pour les regroupements, une garantie à la cession de clientèle ou encore l’amélioration de la protection sociale des médecins. Un « excellent rapport », a jugé cette fois le président de la République avant d’annoncer de nouvelles promesses : statut juridique des pôles, simplification administrative, nouveau schéma de rémunération… Chiche, lui ont répondu en substance les médecins libéraux qui demandent en chœur un peu moins de rapports et un peu plus d’actes.

 HENRI DE SAINT ROMAN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8879