« Aujourd’hui, on constate que la radioprotection chez l’enfant est un sujet qu’une grande majorité de radiologues évoquent avec les parents. Mais c’est plus rarement le cas pour les pédiatres. Et globalement, on se rend compte qu’il y a une nécessité de mieux diffuser des supports d’information permettant d’engager le dialogue avec les parents », explique le Pr Hubert Ducou Le Pointe, président des JFR 2015 et chef du service de radiologie de l’hôpital Armand-Trousseau à Paris.
Ce constat émane d’une enquête rendue publique à l’occasion de ces journées par la société française de radiologie (SFR) et la société française de pédiatrie (SFP). Les deux sociétés savantes se sont associées pour adresser un questionnaire sur l’imagerie pédiatrique à l’ensemble des radiologues et des pédiatres hospitaliers et libéraux. « Au total, nous avons reçu 754 réponses : 514 de radiologues et de 240 de pédiatres », souligne le Pr Ducou Le Pointe, en précisant que l’objectif de ce questionnaire était de faire un état des lieux global sur l’offre de soins en imagerie pédiatrique.
Deux questions plus spécifiques ont été posées sur la radioprotection. La première visait à savoir s’il s’agissait là d’un sujet discuté avec les parents. « Les radiologues ont répondu par l’affirmative à 66 % et les pédiatres à 43 %. La question suivante était : disposez-vous de supports d’information sur la radioprotection à destination des parents ? Là, on a constaté que seulement un quart des radiologues disposaient de ces supports et 10 % des pédiatres. Pourtant, ils existent ! Il faut donc que nous fassions des efforts pour mieux les faire connaître et qu’on trouve des moyens pour mieux les diffuser », souligne le Pr Ducou Le Pointe.
Ce dernier ne semble pas surpris par les réponses à la première question. Ni par le fait que de nombreux pédiatres réclament des examens d’imagerie sans évoquer la question de l’exposition de l’enfant aux rayonnements ionisants. « Il arrive régulièrement de voir en consultation des parents dont l’enfant vient par exemple pour une troisième radiographie du thorax, nous demander si c’est dangereux ou pas. Il y a donc un travail d’information à faire davantage en amont », estime le Pr Ducou Le Pointe.
Dans son service, à Trousseau, c’est un radiologue pédiatre qui répond aux parents pour toute prise de rendez-vous pour un scanner concernant un enfant. « Cela lui permet de peser la justification de l’acte et, à chaque fois que cela nous semble possible, de remplacer cet acte irradiant par un autre non ou moins irradiant. Il peut aussi arriver qu’on fasse une substitution dans un contexte d’urgence. On le sait : il n’est aujourd’hui pas possible d’accéder en urgence à l’IRM pour tous les patients. Et dans ce cas, on peut proposer un scanner immédiatement plutôt que d’attendre d’avoir une place en IRM », souligne le Pr Ducou Le Pointe.
Principe de précaution
Pour les radiologues pédiatres, la radioprotection est un sujet de réflexion majeur. « On sait que, dans la population générale française, la tomodensitométrie reste la principale source d’exposition aux rayonnements ionisants : le scanner représente 10 % des actes et 70 % des doses efficaces moyennes délivrées chez les adultes. Chez les enfants, c’est différent. Le scanner ne représente que 2 % des actes, la principale source d’exposition restant la radiologie conventionnelle », détaille le Pr Ducou Le Pointe. « Depuis 2012, certaines études épidémiologiques tendent à montrer l’existence d’un lien entre le nombre de scanners réalisés et la survenue de cancers chez les enfants. Ces études doivent être prises en compte, même si elles comportent des biais méthodologiques. Et nous avons le devoir d’appliquer un principe de précaution à chaque fois que cela est possible ».
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