LE CHAMP d’activité du radiologue a grandement évolué avec les progrès techniques, la spécialisation d’organes, la part croissante de la radiologie interventionnelle et la place grandissante de l’imagerie tout au long du parcours de soins des patients. Autant d’évolution des pratiques qui sont beaucoup plus chronophages que par le passé et qui ont conduit à poser avec acuité la question de la démographie des radiologues. En février dernier, lors d’une réunion de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS), la Société française de radiologie, avec ses partenaires du G4 (Conseil professionnel de la radiologie française) et de l’Unir (Union des jeunes radiologues), a fait part de ses inquiétudes sur l’avenir de la spécialité, en soulignant les difficultés déjà rencontrées dans certains endroits pour répondre de façon correcte aux besoins de la population. La proposition de passer de 1 300 internes en formation par période de 5 ans dans la filière radiologique, contre 972 actuellement, semble avoir été bien entendue par l’ONDPS. Il faut désormais développer la concertation entre les G4 régionaux et les Agences régionales de santé (ARS) pour décliner cette augmentation en fonction des besoins locaux et des capacités de formation.
Quel est l’état des lieux aujourd’hui ? Selon les derniers chiffres publiés par l’Ordre des médecins, la spécialité « Radiodiagnostic et imagerie médicale » compte 7 203 praticiens (hors médecins militaires ou non thésés), dont 31,2 % de femmes.
Deux-tiers (66,6 %) des radiologues exercent en centre d’imagerie libérale, un tiers (33,4 %) dans un établissement d’hospitalisation public ou privé. Un peu plus de la moitié (56,4 %) ont un exercice libéral exclusif, 30,5 % sont salariés et 13,1 % ont un exercice mixte.
L’âge moyen des radiologues est de 51 ans, ce qui est comparable à la moyenne de l’ensemble des spécialistes (51,4 ans) ; les hommes sont en moyenne un peu plus âgés que les femmes : 52,6 ans, versus 47,4 ans.
L’analyse de la pyramide des âges montre que les hommes sont plus nombreux que les femmes quelle que soit la classe d’âge, y compris chez les plus jeunes. La proportion de médecins âgés de plus de 55 ans, de 39,6 %, est inférieure à celle de l’ensemble des spécialistes (43,3 %).
Le resserrement de la base de la pyramide témoigne de l’insuffisance de renouvellement de la spécialité depuis une quinzaine d’années. Et le flux de 972 nouveaux DES sur 5 ans correspond à seulement 30 % des 3 124 spécialistes en radiologie en activité âgés de 55 ans et plus susceptibles de cesser leur activité entre 2011 et 2021.
Taux de vacance élevé dans les hôpitaux.
Au premier janvier 2010, selon le Sigmed (système d’information et de gestion des personnels médicaux), on dénombrait 734 praticiens hospitaliers à temps plein (PHTP) et 243 praticiens hospitaliers à temps partiel (PHTPa). On comptait 160 professeurs des Universités-praticiens hospitaliers (PU-PH) et 28 maîtres de conférence des Universités-praticien hospitaliers (MCU-PH), auxquels il faut ajouter 196 praticiens hospitalo-universitaires contractuels (chefs de clinique assistants, assistants hospitalo-universitaires et praticiens hospitalo-universitaires). Les taux de vacance des postes hospitaliers publics de radiologie étaient, toutes spécialités confondues, les plus élevés : 36 % des PHTP et 47 % des PHTPa, ce qui ne va pas sans conséquences en termes d’organisation. Selon les données du Centre national de gestion (CNG), en 2011 les hôpitaux publics disposaient en moyenne d’un PHTP pour 23 demandeurs d’examens radiologiques (médecins, chirurgiens, psychiatres, urgentistes) contre un pour 12 en 2002.
Exercice libéral majoritairement en secteur1.
Fin 2010, selon les chiffres du Système national d’information interrégimes de l’assurance-maladie (SNIIRAM), on dénombrait 5 318 radiologues libéraux, les trois quarts (75,7 %) exerçant exclusivement en ville, 15,7 % ayant une activité salariée complémentaire et 8,6 % exerçant exclusivement en établissement de santé. La grande majorité des radiologues libéraux (86 %) exerce en secteur 1, 14 % sont autorisés à pratiquer des dépassements d’honoraires (versus 41,3 % pour l’ensemble des spécialistes). La répartition des radiologues sur le territoire est inégale : la densité nationale est de 9/100 000 habitants, mais elle varie de 2 dans La Creuse à 14 dans les Alpes-Maritimes. En outre, on observe des déficits majeurs en radiologues dans certaines spécialités, notamment en pédiatrie, en oncologie, pour les urgences et l’interventionnel, ce qui pose des problèmes de prise en charge.
Effectifs des internes.
Le nombre d’internes inscrits en 3e année de DES de radiologie a augmenté de 17 % entre 2007 et 2010 et le flux annuel moyen d’internes autorisés, par l’arrêté de 2011, à s’engager dans la spécialité a augmenté de 41 % par rapport au nombre d’internes de 3e année en 2010. Toutefois cette augmentation est inférieure à celle observée dans l’ensemble des spécialités médicales (63 %).
Pour la période 2012-2016, comme le stipule l’arrêté paru au Journal officiel le 10 juillet dernier, le nombre d’internes autorisés à se former en radiologie est en augmentation de 9,97 % par rapport à 2011, ce qui porte l’effectif de 972 à 1069.
Les efforts doivent se poursuivre pour que l’objectif national de 1 300 internes soit une réalité, en sachant que cela sera à peine suffisant pour couvrir les besoins.
D’après un entretien avec le Pr Jean-Pierre Pruvo, Secrétaire général de la Société française de radiologie.
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