« LA RADIOLOGIE n’est pas une spécialité uniquement technique. Nous sommes des médecins et, à ce titre, nous devons nous intéresser au ressenti des patients et à leurs attentes, notamment en matière d’information », indique le Dr Liliane Ollivier, radiologue à l’Institut Curie à Paris et responsable du groupe « Information au patient » de la Société Française de Radiologie (SFR).
Cela fait longtemps que le Dr Ollivier s’intéresse à la relation médecin patient en radiologie. « Il y a quelque temps, j’ai mené une enquête dans le service d’imagerie de l’Institut Curie sur le ressenti des patients qui venaient y passer un examen. On a constaté que, plusieurs jours avant l’examen, ces patients commençaient à ressentir de la peur : d’abord du résultat de l’examen bien sûr mais ils avaient aussi des craintes ou des interrogations sur la manière dont l’examen allait se dérouler, sur les rayonnements, les produits de contrastes », explique le Dr Ollivier. Cette enquête a conduit les médecins et soignants de Curie à se former pour répondre aux attentes spécifiques des patients qui venaient en radiologie. « Nous avons aussi modifié l’agencement des salles d’attente, diffusé des lumières relaxantes en TEP-scanner, plus douces. Nous proposons aussi de l’hypnose par exemple, pour relaxer les femmes qui sont stressées avant une IRM mammaire », ajoute-t-elle.
Cette réflexion, menée à Curie, s’est ensuite poursuivie tout naturellement au sein du groupe de travail de la SFR. « Il y avait, au départ, une volonté de la SFR de s’engager dans une démarche d’amélioration globale de la prise en charge des patients. Nous avons d’abord travaillé sur l’élaboration de fiches qui ont été mises en ligne sur le site de la SFR. Le but était de donner aux patients des éléments d’informations sur les techniques et les produits utilisés en imagerie, sur la finalité de tel examen par rapport à tel autre… », explique le Dr Ollivier.
En parallèle, un gros travail a aussi été mené auprès des professionnels. « Dans chaque congrès, nous avons organisé des sessions avec les radiologues et les techniciens pour leur permettre de parler d’éthique, de communication avec les patients, de bientraitance, de handicap… Nous avons aussi fait participer les médecins prescripteurs car nous avions l’impression qu’ils ne maîtrisaient pas toujours les enjeux autour de certains examens nouveaux. Enfin, nous avons donné la parole, dans nos congrès, à des comités de patients, des associations et aux patients eux-mêmes », explique le Dr Ollivier.
Ce travail a permis, selon elle, de faire peu à peu évoluer les mentalités. « C’est vrai qu’au départ, on a parfois senti un peu de scepticisme chez certains confrères qui estimaient que ce n’était pas leur mission de s’intéresser au ressenti des patients, qu’ils étaient là pour faire le meilleur examen possible. Mais aujourd’hui, les patients ont changé. Ils ont d’autres attentes vis-à-vis de la médecine. Beaucoup, aujourd’hui, souhaitent avoir un échange avec le radiologue, à avoir son avis sur l’examen, sur le résultat. Cela nous donne une responsabilité que nous devons assumer : il faut répondre à cette demande d’information du patient même si on ne peut pas tout dire car une partie de l’information est bien sûr donnée par le médecin traitant du patient », estime le Dr Ollivier, qui se félicite du chemin parcouru. « Aujourd’hui, grâce à cet engagement de la SFR, on a vraiment le sentiment que toutes ces questions sont entrées dans les mœurs de la radiologie et quela place du patient est au centre de l’imagerie ».
D’après un entretien avec le Dr Liliane Ollivier, radiologue à l’Institut Curie à Paris et responsable du groupe « Information au patient » de la Société française de radiologie (SFR).
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