Qui prétend que les généralistes n'assurent pas assez de soins non programmés ?
À la veille d'arbitrages sur le service d'accès aux soins (SAS) – plateforme centralisée qui permettra d'orienter les patients vers les urgences, une ambulance, une consultation de ville ou un conseil – une étude* de la DREES (ministère) révèle que les généralistes sont déjà largement organisés pour prendre en charge ces soins dits non programmés (SNP).
Ainsi, 80 % des généralistes sont parés pour répondre « quotidiennement » à ces demandes de consultation « pour le jour même ou le lendemain, quel qu'en soit le motif », précise le Dr Pierre Verger, de l'observatoire régional de santé PACA. Mieux, pour 40 % des médecins de famille, ces consultations imprévues représentent plus de 30 % de l'activité d'une semaine ordinaire...
En groupe, c'est plus facile
Comment font-ils ? À l'échelle du médecin généraliste, 10 % ont une activité « exclusivement sans rendez-vous » et 35 % proposent clairement à leur agenda de telles plages sans rendez-vous durant une partie de la semaine. Mais même parmi les médecins qui n'ont aucun espace libre identifié, la grande majorité prend quand même des dispositions pour assurer ces « urgences de ville », comme des plages dans la semaine dédiées à ces consultations réclamées le jour même ou la veille. Finalement, seule une minorité de praticiens (7 % de ceux en solo, 3 % en groupe) n'affiche aucune organisation spécifique pour les SNP...
Sans surprise, les cabinets de groupe (avec plusieurs généralistes) permettent davantage de flexibilité pour ces consultations imprévues. Ainsi, 43 % des médecins en solo ont des dispositions « en permanence » pour les soins non programmés tandis que ce taux grimpe à 61 % dans les cabinets de groupe.
16 minutes
Bémol toutefois : en dépit de ces efforts sur les plannings, seul 28 % des généralistes s'estiment en capacité de répondre à la totalité des consultations non programmées « pour le jour même ou le lendemain ». Et 45 % jugent qu'ils peuvent répondre à plus de la moitié des requêtes. « Ces résultats ne tiennent pas compte du niveau de gravité des demandes adressées au médecin », précise l'étude. Selon les généralistes sondés, ces consultations durent en moyenne 16 minutes « un temps légèrement plus court que celui passé en consultation programmée, qui est de 18 minutes ».
Plusieurs facteurs compliquent la prise en charge des soins non programmés : outre l'exercice en solo déjà évoqué, l'étude cite la baisse de la démographie médicale sur le territoire et le fait d'avoir une forte patientèle « médecin traitant ». Lorsque la prise en charge est impossible le jour même ou le lendemain, plus de la moitié des généralistes réorientent les patients vers le secteur libéral (un confrère, une structure d'exercice coordonné ou spécialisée). 20 % des généralistes renvoient le patient vers les urgences et 7 % appellent le 15.
L'étude a testé un cas clinique fictif. En cas de suspicion de gastroentérite, les médecins reçoivent en priorité les patients dont ils sont le médecin traitant. Et par comparaison avec un adulte de 40 ans, souligne le Dr Pierre Verger, « un enfant de 3 ans sera plus souvent reçu le jour même et un patient de 75 ans plus souvent réorienté ».
* Enquête réalisée en France (hors Mayotte) par la DREES, les observatoires régionaux de la santé (ORS) et les URPS-ML PACA et Pays de la Loire, auprès de 3 300 médecins généralistes libéraux, par internet et téléphone (entre octobre 2018 et avril 2019).
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