Les réactions à la situation de harcèlement, ponctuée de plusieurs agressions, subie ces dernières semaines par un médecin généraliste de Dunkerque, le Dr Pierre Goidin, sont montées d'un cran. Ce jeudi 1er juin, le conseil régional des Hauts-de-France a annoncé la création d'un numéro d'appel post-agression et la CSMF, impliquée sur ce dossier, a « exhorté le gouvernement à prendre de toute urgence des mesures » au niveau national.
Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France (et ex-ministre de la Santé), a lui-même annoncé ce midi que ses services ouvriront le 1er juillet 2017 un numéro spécifique, le 03 74 27 00 24, pour les professionnels de santé des cinq départements de la région victimes d'agression.
Cette mesure est une première réponse à la situation extravagante du Dr Pierre Goidin, 55 ans, harcelé pendant plusieurs semaines et agressé en mai par de jeunes riverains de son cabinet malgré le dépôt de plusieurs plaintes.
Pas d'oubli
La CSMF, dont il est membre, s'était fait l'écho de cette agression et avait demandé une réaction rapide des pouvoirs public. « Le numéro ne remplacera pas les services d'urgence, a rappelé Xavier Bertrand. Mais nous nous engageons, en lien avec les professionnels, l'ARS et l'État, à nous assurer que derrière la plainte déposée, il n'y a pas d'oubli ni de désintérêt des pouvoirs publics à l'égard de cette agression mais bien une prise en compte et des mesures concrètes. »
La réunion programmée ce jeudi sur la situation du Dr Goidin, avec le maire et le sous-préfet de Dunkerque, est censée préfigurer celle qui suivra des faits similaires qui seront signalés via ce numéro de téléphone et réunira « tous les services concernés ».
Durant le mois de juin, les services du conseil régional informeront les professionnels de l'existence de ce numéro et des suites données aux appels. Il s'agit de montrer aux professionnels que leur plainte est véritablement traitée. Et d'encourager les praticiens à davantage les déclarer. De fait, 93 événements ont été signalés en 2016 à l'Ordre des médecins dans les Hauts-de-France. Mais seuls 56 % donnent lieu à des plaintes en bonne et due forme, a précisé le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF.
Vidéosurveillance
Le patron de la Confédération a « exhorté le gouvernement à prendre de toute urgence des mesures » car le cas du Dr Goidin n'est pas isolé. En février, le meurtre du Dr Patrick Rousseaux, à Nogent-le-Rotrou, avait révélé que « le protocole d'accord de 2011 » sur la sécurité des médecins libéraux « est resté sans suite », a jugé le Dr Ortiz.
La CSMF a demandé la création d'un numéro d'appel d'urgence spécifique vers les forces de l'ordre avec reconnaissance automatique des numéros des médecins ; l'accompagnement des praticiens lors des visites de nuit par un chauffeur et, ponctuellement, par un policier ; le financement de boîtiers de téléalarme et de caméras de surveillance aux abords des cabinets et dans les salles d'attente des médecins qui en exprimeraient le besoin.
« Les préfets disposent d'une ligne budgétaire » pour ce type de dépenses, a assuré le Dr Ortiz. Il appelle aussi de ses vœux une procédure de citation directe contre les auteurs de violences contre des médecins, la création d'un statut de professionnel protégé pour les médecins libéraux et le soutien au regroupement des médecins dans des lieux d'exercice partagé.
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