Le titre du recueil de ses 80 chroniques est celui de son blog : « Promenade de santé ». On y retrouve tout le détachement et l’humour doux-amer de son auteur, Fluorette, jeune généraliste de 34 ans installée tant bien que mal depuis cinq ans dans un village où les patients parlent un patois qu’elle ne comprend pas toujours. Un village comme il en existe des milliers en France.
Les histoires de Fluorette ne sont pas très surprenantes. Son parcours, la série de portraits de patients qu’elle croque au fil des pages, l’hôpital, la fatigue, le sacerdoce, les injustices, la profession dénigrée... Nombre de médecins généralistes partagent en ligne ou en livre les mêmes préoccupations que la jeune femme – avec plus ou moins de bonheur.
Écriture naturaliste
Ce qui fait la différence dans cet ouvrage, c’est le style. Pas de mise en scène lacrymale ni de plongée dans le tréfonds de l’âme du médecin de campagne. Fluorette dit : « j’ai honte », « je doute », « j’aime » et « je déteste ». Elle ressent mais ne s’apitoie pas.
Elle écrit comme elle travaille - simple, efficace, détachée - et c’est ce qui fait la force évocatrice de ses chroniques. C’est une vision naturaliste de la médecine de ville qu’elle nous livre. Dans son boulot, elle fait « de grosses journées mais ne sauve personne », admet ne pas avoir pour ses patients « de job dans sa besace ». Elle ne peut pas « rendre les patrons gentils » et ne « distribue pas de conjoints idéaux ». « Installation : piège à cons » est une ritournelle qu’elle connaît bien. C’est la réalité que Fluorette nous montre à voir. Et pourtant, on referme l’ouvrage en se disant qu’il n’y a pas meilleur plaidoyer en faveur de la médecine générale.
« Promenade de santé, chroniques d’une jeune généraliste », Fluorette, Grasset, 16,90 euros, 16 avril 2014, 336 pages.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique