« Tu dois t’interroger : veux-tu faire une carrière hospitalo-universitaire, travailler dans un laboratoire polysomnographique de ville, exercer en milieu rural, privilégier ta passion pour le saxophone? ».
Un tantinet provocateur, le Dr Sébastien Couraud, chef de clinique-assistant au sein du service de pneumologie et oncologie au centre hospitalier Lyon Sud (CHLS), exhorte les cinq étudiants rassemblés autour de lui à « ne pas limiter leur projet au seul internat » mais à explorer leurs centres d’intérêt pour affiner leur projet professionnel. Un peu plus loin dans ce local de l’Ameuso*, point de ralliement des étudiants en médecine et maïeutique de la faculté Lyon-Sud, d’autres groupes échangent autour d’un hématologue hospitalier, d’un psychiatre en libéral, ou encore d’un chirurgien du CHLS.
Cette année, le Forum des métiers de la santé avait choisi de mettre l’accent sur les différentes spécialités, et certaines formes d’exercice - SOS médecin, missions humanitaires… L’idée est de favoriser les échanges entre les étudiants et des professionnels de tous les secteurs de la santé, sous forme de conférences, de tables rondes ou de stands, explique Cécile Hericher, chargée de mission FMS au bureau de l’Association nationale des Étudiants en médecine de France (Anemf), organisatrice des forums. Une fois le concours de première année commune des études de santé (PACES) en poche, les étudiants ne sont pas au bout de leur peine : ils doivent faire le tri, s’orienter dans les méandres des disciplines et pratiques médicales, choisir des modalités de formations et opter pour un cadre d’exercice.
Florine : « surtout pas la chirurgie ».
Or, le manque d’information aboutit à nombre de projets professionnels instables, une perte de motivation parfois suivie d’abandon des études, et constitue un facteur de déséquilibre de la démographie médicale. « On ne peut pas avoir envie de ce que l’on ne connaît pas ! », confirme Florine, en 2e année, qui sort d’une table ronde avec un cardiologue hospitalier. Elle explique être venu au Forum, « pour découvrir le maximum de spécialités ». Qu’a-t-elle retenu de son échange avec un cardiologue ? « Ce qui m’a plu dans le descriptif de son métier, c’est le contact avec les patients. Autre avantage : l’exercice à l’hôpital, ne pas être seul face au malade. Mais j’attends surtout la table ronde sur la médecine générale : c’est cette spécialité qui m’attire vraiment ».
Au-delà du choix de spécialité, pour lequel beaucoup de carabins procèdent par élimination, comme Florine qui ne veut « surtout pas faire de la chirurgie », les étudiants sont avides de connaissances sur les modes d’exercice. « Pour l’instant, explique Marc, je suis réticent à m’installer en libéral à cause de la gestion et des questions financières, mais la vérité c’est que je ne sais pas ce que signifie être en libéral ! ». Dans certains groupes, des étudiants plus aguerris affinent leurs questions sur les conditions d’accès au secteur 2, ou encore les passerelles vers la recherche. « Ce forum est une excellente initiative » résume Vinh-Phuc, en 3e année, qui vient de remettre en cause quelques idées reçues sur la pneumologie. Pour lui la voie semble tracée : « Ce sera l’hôpital ». Mais il n’exclut pas… de changer d’avis lorsqu’il en saura plus sur les maisons de santé pluridisciplinaires. En tout état de cause, ce rendez-vous répond à des attentes. D’après l’enquête de satisfaction réalisée en 2010 à l’issue de la première édition, 93 % des étudiants interrogés estimaient que le Forum des métiers de santé les avait aidés dans leur orientation.
* Association médicale des étudiants de l’unité sud-ouest
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