Qu'est-il arrivé au Pr Jean-Bernard Fourtillan ? Ce pharmacologue de 77 ans, ancien professeur des universités, retraité depuis 2008 mais toujours très actif, n'en finit plus de défrayer la chronique. Épinglé pour des essais cliniques illicites en 2019, vedette du film complotiste Hold-up, le septuagénaire fait de nouveau parler de lui.
Selon la cellule investigation de Radio France, il aurait continué à solliciter des dons auprès de patients pour financer ses recherches malgré l’interdiction de ses travaux par l’ANSM. Le média a publié plusieurs courriers électroniques envoyés par le pharmacologue aux participants de l'essai clinique sauvage auquel l’ANSM avait mis fin en septembre 2019.
On découvre ainsi qu'en octobre 2019, le Pr Fourtillan a demandé aux quelque 400 patients impliqués dans son essai de « verser rapidement les dons, au maximum de [leurs] moyens, sur le compte du Fonds Josefa », fondé par le pharmacien pour financer ses recherches. Il leur assurait par ailleurs que les patchs mis au point au cours de ses travaux sur les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, leur seraient bien livrés, ce qui ne sera pas le cas. « Ce n’est pas le moment de flancher », concluait-il dans l’un de ses mails.
200 000 euros en or
En mars 2020, le Pr Fourtillan est mis en examen dans l'affaire des essais illicites financés pour le Fonds Josefa. Mais il continuera à lancer des appels aux dons par l’intermédiaire de sa femme, à plusieurs reprises, malgré l’interdiction qui lui est faite d’entrer en contact avec ses patients.
Nouveau courrier, le 30 avril. Il révèle qu’il a investi l’argent perçu dans de « l’or physique », quatre kilos pour une valeur de 200 000 euros. « Quand je vendrai cet or, j’injecterai le produit de la vente dans le fonds Josefa », explique-t-il. Mais en attendant, il les sollicite de nouveau… pour régler des factures d’un montant de 9 800 euros.
Coup d'arrêt en décembre 2020. Le pharmacologue, qui refusait de se rendre aux convocations d'un juge, est arrêté et placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Nîmes. Quelques jours plus tard, le 10 décembre, il est placé sur ordonnance médicale dans un établissement psychiatrique, Le Mas Careiron, à Uzès, dans le Gard.
Figure du milieu complotiste
La décision provoque un tollé sur les réseaux sociaux, dont la presse locale se fait écho. Des collectifs réclament sa libération, harcèlent de coups de téléphone et de mails l’hôpital où le Pr Fourtillan restera une semaine avant sa libération par un juge des libertés. Plusieurs dizaines de « Pro-Fourtillan » iront jusqu’à manifester devant l’établissement aux cris de « Libérez Fourtillan », en dénonçant un « internement abusif ».
D'où vient ce soutien ? Déjà figure du milieu antivax, le pharmacologue est devenu une star des milieux complotistes, après ses propos tenus dans le pseudo-documentaire Hold-up, diffusé en novembre dernier. Dans cette vidéo très controversée, il assure que l’Institut Pasteur a créé et breveté le virus responsable du Covid-19.
Ces affirmations fallacieuses avaient été démenties à plusieurs reprises par l’Institut Pasteur qui avait alors porté plainte contre X pour diffamation. Le Pr Fourtillan, lui, est toujours sous la menace d'un procès dans l'affaire des essais illicites. Il a également fait l'objet d'une plainte de l'Ordre des médecins qui l'accuse d'exercice illégal de la médecine.
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