La mairie de Paris, liée par un accord de coopération avec Athènes, débloque une aide d’urgence de 100 000 euros, destinée à approvisionner en médicaments huit pharmacies solidaires de la capitale, dont six pharmacies sociales intégrées aux centres de santé municipaux, et deux autres adossées aux polycliniques de Médecins du monde (MDM), situées à Athènes et Perama (banlieue nord). Ces officines fournissent les traitements gratuitement aux patients présentant une ordonnance médicale.
MDM, via son plan Solidarité Grèce, fait office d’opérateur. La dotation en médicament s’élève à 12 500 euros par centre. « Cela va nous permettre d’acheter des vaccins et des médicaments », explique Nathalie Simonnot, adjointe de la direction du réseau international de MDM.
Selon la responsable, les vaccins Tetravac et Pentavac viennent à manquer, obligeant les parents à se rabattre sur les vaccins à l’unité. « Les commandes de médicaments sont en retard » dans les pharmacies comme dans les hôpitaux, décrit Nathalie Simonnot. Mi-juillet, elle a rendu visite à la pharmacie du port de Perama, « où le chômage est omniprésent. L’hôpital en rupture d’un traitement téléphonait à l’officine pour savoir si elle avait les éléments pour une chimiothérapie », raconte-t-elle.
Santé sinistrée, désespoir
Le système de santé est détérioré. « Des médecins perdent leur travail ; les jeunes partent, des structures ferment. La médecine libérale est très chère : une consultation peut coûter 35 voire 50 euros », rapporte Nathalie Simonnot.
MDM est passé de 5 programmes à 23 programmes aujourd’hui en Grèce : l’ONG a ouvert des polycliniques dans plusieurs villes, a renforcé ses antennes mobiles et en a multiplié les sorties, et conduit des programmes spécifiques pour les migrants, les SDF ou encore les usagers de drogue.
« Rien qu’entre 8 h 30 et 13 h 15, lundi dernier, 190 personnes avaient été vues à la polyclinique d’Athènes, soit deux fois plus que d’habitude », compte Nathalie Simonnot. « Les gens souffrent de tout, et d’abord de désespoir. Les femmes enceintes ne sont pas suivies, ni les diabétiques, les gens viennent avec des pathologies avancées, les parents ne parviennent pas toujours à faire vacciner leurs enfants », poursuit-elle, en rappelant que tous les déterminants sociaux sont dans le rouge.
Un élan de solidarité
Un tiers des Grecs n’ont pas de couverture maladie, 23 % vivent sous le taux de pauvreté, 58 % peinent à s’acquitter de leurs factures d’eau, d’électricité ou de gaz, le chômage touche près de 26 % de la population, voire 57 % chez les jeunes, et l’OCDE estime que le pourcentage de Grecs dont les besoins de santé ne sont pas couverts a doublé entre 2008 et 2013.
« On constate un élan de solidarité : nous n’avons jamais eu autant de candidats pour être bénévoles, les proches d’un défunt rapportent ses médicaments dans les officines à sa mort. Mais cela ne suffit pas. Il faut sanctuariser la santé » conclut Nathalie Simonnot.
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