LE 5 DÉCEMBRE, l’agence de notation américaine Standard & Poor’s a jeté un nouveau pavé dans la mare quelque peu saumâtre de l’économie européenne, en annonçant qu’elle plaçait sous surveillance, avec implication négative, la note de solvabilité de six pays européens bénéficiant encore du précieux AAA (l’Allemagne, la France, les Pays-Bas, l’Autriche, la Finlande et le Luxembourg) et de neuf autres pays de la zone euro. A la clé : une chance sur deux pour ces six pays de voir leur notation abaissée d’un cran (ils seraient alors gratifiés d’un AA+), voire de deux crans dans le cas de la France. Si tel devait être le cas, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse seraient les derniers bons élèves de l’Europe à se prévaloir du fameux triple A, la meilleure des notes.
• Pourquoi ?
Comme tout professeur sanctionnant une copie, Standard & Poor’s était tenu de justifier son opinion. Au rang de ses arguments : la hausse des tensions systémiques, le durcissement des conditions de crédit, les risques croissants d’une récession dans l’eurozone et les désaccords persistants parmi les dirigeants européens sur les moyens de régler la crise.
« L’épisode du référendum grec a fini par désespérer les préteurs internationaux, analyse Vincent Guenzi, responsable de la stratégie d’investissement de Cholet-Dupont. Ils exigent dorénavant des actes et non des promesses, avec l’assentiment de tous les partis politiques des pays concernés. La forte remontée des taux des principaux emprunts d’état italiens, espagnols et français [voir tableau], a bien traduit l’exaspération et la fuite des créanciers devant le risque de défaut partiel, déjà institué en Grèce. »
• Vers une récession en 2012
Quant au risque de récession, il semble de plus en plus acquis. « En zone Euro, la croissance prévue pour 2012 a été encore abaissée de 0,7 % à 0,5 %, illustre en chiffres Vincent Guenzi. Le taux de chômage a atteint 10,3 % en octobre (+ 0,1 %). Les ventes de détail ont baissé de 1,5 % en septembre et se stabilisent en octobre (+ 0,1 %), malgré la contribution positive allemande (+ 0,3 % en septembre) confirmée en octobre (+ 0,7 %). La production industrielle européenne a rechuté de 2 % en septembre et les commandes de 6,4 %. De plus, la confiance des ménages et des milieux d’affaires s’est encore affaiblie. » En résumé, rien ne va plus : le ralentissement de l’activité se poursuit et les perspectives s’assombrissent. Les économistes craignent dorénavant une récession au quatrième trimestre et en début d’année prochaine.
Un risque d’autant plus fort que la crise n’est pas uniquement européenne. En août dernier, Standard & Poor’s avait dégradé la note américaine de AAA à AA+. « Si la note AAA de la France est menacée, celle des États-Unis l’est également, à la suite de l’absence d’accord entre Républicains et Démocrates pour réduire le déficit budgétaire, rappelle ainsi Vincent Guenzi. Des réductions automatiques des dépenses publiques devraient intervenir à partir de 2013. Des économistes ont calculé que la non-reconduction des allégements de charges sur les salaires et des extensions d’indemnisation des chômeurs pourrait coûter 2 points de croissance à l’économie américaine. Alors que tous les pays développés vont frôler ou connaître une récession en 2012, un ralentissement plus prononcé des États-Unis, constituerait une nouvelle menace. »
• Quel risque pour les épargnants ?
Quid pour les épargnants si la France devait perdre son AAA ? Bien entendu, le taux d’emprunt de la France pourrait encore augmenter, sans pour autant connaître une envolée car les marchés n’ont pas attendu l’annonce de Standard & Poor’s pour réagir. En témoigne l’écart de taux actuels entre la France (3,38 %) et l’Allemagne (2,27 %), qui souligne que les marchés ont plus confiance dans la solvabilité outre-Rhin que dans celle de l’Hexagone.
Pour en revenir aux épargnant, des moins-values sur des parts de SICAV obligataires sont prévisibles : si vous avez en effet acheté une part d’un emprunt d’état émis à un taux relativement faible, il est aisé de comprendre que, quand les taux montent, peu de monde veuille vous les racheter… et donc que leur valeur baisse. À l’inverse, inutile d’espérer voir le taux de votre livret A (2,25 % actuellement) s’envoler : ce taux de rémunération n’est pas lié au taux d’emprunt de la France. Idem pour les livrets non réglementés (type livret orange d’ING, livret BforBank, etc.) dont les taux relèvent avant tout d’une décision commerciale de la banque (besoin de liquidités, volonté d’attirer de nouveaux clients par ce produit d’appel, etc.). En revanche, le coût du crédit immobilier à taux fixe étant directement lié au niveau des obligations d’État (en France OAT 10 ans), toute hausse risque se répercuter sur les taux des crédits proposés aux particuliers. D’ailleurs, la tendance semble amorcée.
Et les marchés boursiers dans tout cela ? « Pour 2012, l’incertitude reste forte, estime Vincent Guenzi. Dans un contexte économique et financier toujours tendu en Europe et aux États-Unis, la baisse des profits des entreprises pourrait s’accentuer et provoquer de nouveaux replis des actions. Nous recommandons de continuer à alléger les portefeuilles, de manière sélective en profitant des reprises techniques. »
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