Parce qu'ils ont simplement pris la parole sur la vaccination ou parce qu'ils la pratiquent, des médecins – exposés médiatiquement – sont menacés, parfois avec des propos très violents, sur les réseaux sociaux (Twitter, Messenger), par courrier, voire par téléphone.
C'est le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-Syndicat, qui a pris les devants. Selon le généraliste de Fronton, son syndicat a été alerté par des médecins « qui reçoivent des menaces sous la forme de messages sur les réseaux sociaux, de lettres anonymes ou de courriers d'avertissement émanant de structures parallèles, anti-vaccins, sur internet ».
« Criminels », « complices de génocide ». Les #antivax menacent des médecins.
— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) December 6, 2020
Nous leur disons : ne restez pas seul.#NosBlousesBlanches #COVIDー19 pic.twitter.com/greQCdB1TO
Ces messages évoquent pêle-mêle des « expérimentations », voire une « complicité de génocide » de la part de praticiens. Ils constituent parfois aussi des appels à la dénonciation pour empêcher les vaccinations, souligne le Dr Marty. Ces menaces ont pris de l'ampleur après la diffusion du documentaire complotiste « Hold-Up, retour sur un chaos » il y a quelques semaines, dans lequel la profession est accusée à plusieurs reprises (« euthanasie active », « délation rémunérée » pour signaler les cas contacts, etc.).
Le Dr Marty a lui-même été visé par ce genre de menaces, à la suite de passages à la radio ou à la télévision où il intervenait, d'abord sur les masques puis sur la vaccination contre le Covid-19. Il a effectué plusieurs signalements et déposé une main courante. « Ces personnes sont pour la plupart des doux dingues ou des dérangés, mais leurs propos sont parfois très violents, indique le médecin au « Quotidien ». Il faut faire attention d'autant que les choses risquent de se durcir avec la campagne vaccinale. »
Signalement en ligne et à l'Ordre
D'autres confrères ont fait face à des menaces sur Twitter, envoyées via les messages privés, comme le Dr Mathias Wargon, chef du service des urgences de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Ah ben les @GG_RMC qui m’appellent pour parler du vaccin et grace a eux je me suis fait des nouveaux amis en DM pic.twitter.com/YijOHo3HMv
— Mathias Wargon (@wargonm) December 8, 2020
Le Dr Yvon Le Flohic, généraliste dans les Côtes-d'Armor, a également partagé sur le réseau social le contenu d'un courrier de menaces reçu fin novembre.
Ce matin j ai reçu un recommandé de menaces, m' indiquant que si je continue à faire des vaccins, à prescrire des actions de prévention, je vais être intégré dans la liste des génocidaires susceptible d être traduit devant d’être traduit devant "un tribunal militaro-populaire"1.
— Le Flohic (@DrGomi) November 25, 2020
Face à ces intimidations, l'UFML-S appelle les médecins concernés à porter plainte au commissariat ou en gendarmerie, à faire une déclaration sur la plate-forme Pharos (qui permet de signaler des contenus et comportements illicites de l'Internet) et un signalement à l'Ordre des médecins. Contacté, ce dernier, qui pointe une banalisation de la violence dans son dernier bulletin, se dit au courant de cette problématique mais n'a « pas eu de remontées » au niveau national sur ce sujet.
Les autres syndicats de médecins libéraux n'ont pour le moment pas communiqué ou relayé d'autres cas de médecins menacés.
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