La Cour d'appel de Paris a décidé ce jeudi du maintien en détention provisoire de Tariq Ramadan, mis en examen pour viols, dont l'un sur personne vulnérable. La question a été examinée en l'absence du prévenu qui, selon l'AFP citant des sources concordantes, a refusé d'être extrait pour comparaître.
La Cour suit ainsi les conclusions de l'expertise médicale indépendante réalisée à sa demande. Dans un rapport de 18 pages, l'expert neurologue avait souligné des incohérences dans les certificats de ses confrères, selon des sources proches du dossier. « Le diagnostic de ces pathologies à ce jour reste incertain », indiquait-il. Il estimait que « l'état neurologique clinique et le questionnement diagnostique ne sont pas incompatibles avec une détention et peuvent être menés en ambulatoire » d'autant que ces maladies « ne peuvent en aucun cas s'aggraver brutalement ». Toutefois, le neurologue jugeait nécessaire de réaliser « un bilan neurologique complet et sérieux qui n'a pas été fait depuis les années que semblent durer les troubles allégués ».
Sclérose en plaques et neuropathie
Dès son incarcération à Fleury-Mérogis (Essonne) le 2 février, L'islamologue de 55 ans s'est plaint de crampes, fourmillements et picotements. Un certificat établi le 13 février par un médecin de la prison de Fleury-Mérogis indiquait, toujours selon l'AFP qui a eu accès au document : « Depuis son arrivée ce patient présente des douleurs insupportables des membres inférieurs avec des troubles sensitifs permanents ». Jugeant insuffisants les traitements disponibles dans l'établissement, le généraliste concluait que l'état de santé du détenu était « incompatible avec la détention ».
Deux jours plus tard, transporté en ambulance, Tariq Ramadan s'est présenté devant la cour d'appel de Paris, chargée d'examiner une alternative à sa détention. Sa défense avait alors produit des certificats médicaux rédigés, après son incarcération, par son neurologue de Genève et par des médecins de Londres, où il réside alternativement, faisant état d'une sclérose en plaques et d'une neuropathie périphérique non identifiée, dont les premiers symptômes auraient été diagnostiqués au Qatar en 2014.
Facteurs psychologiques
La Cour avait alors ordonné une expertise dont les conclusions ont immédiatement été contestées par la défense qui dans, un mémoire transmis à la chambre de l'instruction, dénonçait un examen effectué « sommairement » sans accès au dossier médical complet.
Lendemain de l'expertise, le 16 février, Tariq Ramadan, qui continuait à se plaindre de graves fourmillements dans les jambes, avait été hospitalisé où il a été admis pendant quatre jours. Toujours selon l'AFP, le compte rendu d'hospitalisation concluait en faveur de douleurs neuropathiques accrues pouvant être liées à « des facteurs psychologiques » liés à la détention ou à l'arrêt de soins pratiqués habituellement, dont des massages et du stretching. « Les éléments en notre possession concernant les diagnostics de sclérose en plaques et neuropathie ne sont pas suffisants pour remettre ces diagnostics en cause », soulignait le neurologue de l'hôpital qui n'avait cependant identifié au cours de l'examen aucun élément démontrant une « poussée de sclérose en plaques ».
À son retour de prison, Tarik Ramadan a été vu par un psychiatre qui a diagnostiqué le lendemain un « syndrome anxio-dépressif grave » nécessitant un « traitement d'antidépresseurs ».
Le Droit & Vous
Les médecins retraités prescripteurs ont-ils un numéro d'assurance-maladie ?
Le Droit & Vous
Le Conseil de l'Ordre peut-il empêcher un médecin retraité d'exercer après 10 ans d'inactivité ?
Le Droit & Vous
Un hôpital peut-il refuser l'admission d'un patient pour soins psychiatriques sans consentement ?
Le Droit & Vous
Peut-on envoyer à un patient son dossier médical par courrier électronique ?