Le cabinet du Dr V. était fermé depuis le mois de mars 2022. Le généraliste, installé dans une commune des Hautes-Alpes, vient d’être condamné par le tribunal correctionnel de Gap à trois mois de prison avec sursis pour avoir réalisé de fausses attestations vaccinales contre le Covid entre août 2021 et mars 2022. L’audience, à laquelle « Le Dauphiné Libéré » a assisté, s’est tenue ce jeudi 23 juin.
Au jour de cette audience, avant l’annonce de ce verdict, aucune procédure disciplinaire n’était engagée contre ce praticien. « Nous l’avons reçu la semaine dernière pour un entretien confraternel, précisait au "Quotidien" le Dr Georges Stoltz, président du Conseil départemental de l’Ordre des médecins des Hautes-Alpes. Nous attendons la décision de justice avant d’entreprendre quoi que ce soit, en accord avec le service juridique du CNOM. »
Pas de regrets
Le médecin aurait réalisé plusieurs centaines de faux certificats. En mars dernier, il reconnaissait les faits et confiait au « Dauphiné Libéré » qu’il « ne regrettait pas ». Le généraliste, qui réalisait aussi de véritables vaccinations anti-Covid, n’aurait pas agi par croyance antivax, mais par compassion envers ses patients.
« Au départ, il a voulu rendre service à quelques patients, raconte le Dr Stoltz. Il s’est absenté et, à son retour, ça a été un véritable flot de demandes, auxquelles il n’a pas su dire non. » Le président du CDOM n’excuse pas les « dérapages » de son confrère mais il explique son comportement par le profil de ce généraliste : « C’est un médecin de 77 ans, qui a tissé des liens depuis des années avec sa patientèle. Il a voulu être gentil, il comprenait leur détresse. Il reconnaît qu’il a été submergé mais je ne sais pas s'il a réalisé à quel point c’était grave. »
Circonstance atténuante, le Dr V. n’a pas agit par l'appât du gain. Il n'a pas bénéficié d’enrichissement personnel, même si on peut lui reprocher d’avoir touché les honoraires de consultation et le bonus accordé par la CPAM pour chaque vaccination Covid (qu’il n’a pas faite).
Un couple de soignants en souffrance
Lors de l’audience, il a été précisé que le médecin aurait délivré, entre le 22 avril 2021 et le 25 janvier 2022, 1 158 attestations alors qu’il n’a été livré que de 296 doses vaccinales.
Le généraliste a bien tenté de se justifier, raconte « Le Dauphiné ». Le journal relate une consultation avec un couple de soignants, qui s’est tenue en août 2021. « Ils avaient été menacés de démission, ils ne dormaient plus. Ils étaient en souffrance », raconte le Dr V. qui assure avoir tenté de convaincre ses patients mais reconnaît avoir cédé. « Pourquoi détruire une vie de couple, de famille ou précariser ? », s’interroge le praticien devant le juge. La suite ? Informés du laxisme du généraliste, les patients affluaient de toute la région pour bénéficier d’une fausse attestation, sans passer par la case vaccination. Le bouche-à-oreille se retournera contre le médecin qui sera placé en garde à vue en mars 2022.
« C’est dommage de terminer une aussi longue carrière sur cette mauvaise note », regrette le président du Conseil départemental de l’Ordre des Hautes-Alpes. L’instance devra dire si elle souhaite désormais poursuivre le confrère devant la chambre disciplinaire régionale.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique