Pendant plus de 7 semaines, le Dr Jean Panel a été mis au ban de la médecine. Pour des raisons médicales, le généraliste (médecine du sport) installé à Élancourt (Yvelines) a refusé dans un premier temps la vaccination contre le Covid-19. Il a été suspendu le 22 novembre 2021, conformément à la loi du 5 août 2021 imposant l'obligation vaccinale aux soignants.
Depuis, le Dr Panel est passé par la case vaccination. Convaincu par ses proches, et « sous la pression institutionnelle », il s’est fait injecter une première dose du vaccin de Pfizer le 17 décembre 2021, avant de reprendre son activité quelques semaines plus tard, sa suspension ayant été levée le 13 janvier 2022.
Mais le médecin a mal vécu cette mise à l’écart forcée, comme il l'a raconté au « Parisien ». « J’ai été traité comme un délinquant, un hors-la-loi, confie le Dr Panel au «Quotidien». Quand on travaille jusqu’à 12 heures par jour, qu’on est au service de la société pendant 45 ans, qu’on a fait 12 ans d’études, c’est révoltant ! » Le médecin se plaint d’avoir reçu des courriers « d’une agressivité incroyable » de la part de l’ARS, lui imposant un délai de vaccination et le menaçant de poursuites pénales.
« Je ne suis pas un complotiste antivax ! »
Pourquoi le médecin de 70 ans n’a-t-il pas obtempéré comme la quasi-totalité de ses confrères ? « Je n’ai aucun sentiment complotiste antivax, répond fermement le généraliste. Le vaccin contre le Covid a sauvé des millions de gens et j’en suis très reconnaissant. Je regrette cependant qu’on n'ait pas informé en toute transparence les gens des effets secondaires parfois graves que cela peut entraîner. »
Si le médecin a dans un premier temps refusé la vaccination, c’est pour « éviter des risques d’embolie pulmonaire », dit-il, en ajoutant qu’il est sujet aux phlébites. Pour l'ARS, ce n'est pas un motif de contre-indication à la vaccination Covid. « Ça ne figure pas dans le texte de loi du 5 août 2021, reconnaît le Dr Panel. Mais une semaine après mon vaccin, le 24 décembre, on m’a diagnostiqué une thrombose fémorale profonde. J’aurais pu y passer ! On peut dire que la relation de cause à effet n’est pas établie, mais c’est troublant ».
Le médecin ne remet pas en cause les conclusions des sociétés savantes qui affirment que les personnes ayant eu une thrombose ne sont pas plus à risque de développer un caillot sanguin après avoir reçu l'un des vaccins approuvés Covid-19 (voir les recommandations de la société française de médecine vasculaire). Mais son expérience de 40 ans de médecine l'appelle à la prudence. « J'attends de voir ce qu'on va découvrir dans les mois et les années qui viennent », tempère le Dr Panel.
Une certaine vision de la médecine
Au-delà de la controverse médicale, le généraliste, passionné par son métier, entend défendre une certaine idée de la médecine libérale. « Depuis trente ans, on assiste à une soumission du corps médical, s'indigne le Dr Panel. On nous impose toujours plus de contraintes administratives, de réglementations. On déshumanise la médecine. » La campagne de vaccination contre le Covid en est un exemple, selon lui. « On n'a pas tenu compte de nos compétences médicales, de notre expérience et de notre connaissance des patients », déplore-t-il, regrettant que la marge de manœuvre des médecins soit réduite à suivre les consignes d'un texte de loi.
Guidé par ses convictions, le Dr Panel a franchi la ligne jaune en poursuivant ses consultations après sa suspension, s'exposant à une amende et privant ses patients de remboursement par l'Assurance-maladie. « J'ai peut-être tort mais je me sens dans mon droit, justifie le praticien. Je me dis qu'un médecin est fait pour servir les gens qui souffrent, être à l'écoute des patients. Durant ma vie, j'ai mis toute mon énergie à cela. Je n'allais pas y renoncer parce qu'un texte de loi excessif me l'imposait ! »
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