Réforme des retraites : ce qui vous attend exactement, six cas types à la loupe

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Publié le 24/01/2020

Crédit photo : PHANIE

Il aura fallu attendre l'examen du projet de loi en conseil des ministres pour que les masques tombent au sujet de l'impact financier de la réforme des retraites (pensions et cotisations). Sur la foi des calculs du secrétariat d'État en charge des retraites, « Le Quotidien » dévoile six cas types de médecins libéraux nés en 1990, ayant commencé leur activité libérale à 35 ans (en 2025) et pris une retraite en 2055 (à taux plein). 

Tous ces cas ne prennent évidemment pas en compte l'hypothèse envisagée où les médecins continueraient de cotiser au-delà des taux cibles du régime universel prévus pour les libéraux (dans un nouveau régime complémentaire obligatoire par exemple).   

Ces six simulations sur 30 ans de carrière libérale révèlent que le système universel aura des conséquences très variables – négatives, neutres ou favorables – en matière d'évolution des pensions et des cotisations par rapport à la situation actuelle, selon les revenus et le mode d'exercice. L'impact sera plus grand pour les praticiens aux BNC les plus bas.

• Médecin de secteur I, 40 000 euros/an de revenus 

Pour ce praticien aux faibles revenus libéraux (40 000 euros annuels évoluant comme le salaire moyen), la pension mensuelle chuterait fortement passant de 2 813 euros brut à 2 380 euros, soit un manque à gagner de 433 euros par mois (-15,4 %).

En revanche, son taux de cotisation retraite moyen passerait de 36 % aujourd'hui à 28,12 % (taux cible retenu jusqu'à 40 000 euros), soit 8 points en moins à l'issue de la transition sur une nouvelle assiette sociale abattue permettant une baisse de CSG. Ce profil de médecin serait le plus fragilisé par la réforme, en raison de la forte baisse de pension.

• Médecin de secteur I, 80 000 euros/an

Ce praticien aux revenus moyens (profil d'un généraliste aux tarifs opposables) verra sa pension mensuelle diminuer de 3 673 euros brut à 3 396 euros, soit un malus de 277 euros (-7,5 %). 

Parallèlement, son taux de cotisation moyen baisserait de 25,64 % aujourd'hui à 20,5 % après la réforme (résultant des deux taux cibles du régime universel pour les libéraux – 28,12 % jusqu'à 40 000 euros puis 12,94 % au-delà), soit cinq points en moins. L'impact de la réforme serait au mieux neutre.

• Médecin de secteur I, 120 000 euros/an

Dans cette hypothèse de revenus plus confortables, la pension moyenne perçue serait quasiment stable (4 381 euros brut mensuels versus 4 391 euros avant la réforme).

En revanche, le taux de cotisations retraite diminuerait de 22,2 % à 18 %, soit quatre points de baisse. Ce médecin bénéficie du taux moindre pour les libéraux (12,94 %) sur la tranche principale de revenus compris entre 40 000 et 120 000 euros. Avec une pension stable et des cotisations en baisse, ce praticien serait gagnant, selon le ministère.

• Médecin de secteur II, 40 000 euros/an

Ici, la pension mensuelle serait rabotée de 284 euros, passant de 2 815 à 2 531 euros brut (-10,1 %). Parallèlement, le taux de cotisations se réduit de 36 % à 28,12 %, en baisse de 8 points. Là encore, c'est la baisse de pension moyenne qui risque de peser lourdement.   

• Médecin de secteur II, 80 000 euros/an

La pension mensuelle de ce médecin à honoraires libres et aux revenus moyens passerait de 3 676 à 3 536 euros, soit 140 euros de moins (-3,8 %). Mais il ne cotisera plus qu'à 20,5 % dans le système universel (25,6 % auparavant), soit une réduction de 5 points, permettant d'équilibrer sa situation. 

• Médecin de secteur II, 120 000 euros

Dans ce dernier cas de figure, le médecin serait gagnant. Non seulement sa pension mensuelle progresserait de 36 euros (+0,8 %), évoluant de 4 395 à 4 431 euros, mais son taux de cotisation baisserait de 22,2 % à 18 %, soit 4 points en moins…

Bataille de chiffres : la CARMF prépare sa riposte

Face à ces simulations ministérielles assez favorables ou neutres, sauf pour les très bas revenus, la profession ne manquera pas de (re)sortir ses propres calculettes. Jusqu'à présent, tous les syndicats médicaux, mais surtout la CARMF, n'ont cessé de dénoncer les projections trop « optimistes » du ministère, notamment parce qu'elles indexent les futurs points de retraite sur une évolution élevée des salaires. 

Signe de sa méfiance, la CARMF a lancé un audit indépendant sur l'évolution des pensions des médecins libéraux, qui rendra ses conclusions en février. Fin 2019, la caisse avait dévoilé des projections faisant état d'une baisse de 23 % à 33 % de la pension moyenne pour les médecins libéraux. 


Source : lequotidiendumedecin.fr