LA CONSULTATION de la CARMF sur la retraite risque de continuer à alimenter la polémique (1). Exploitant 31 077 réponses (sur 188 635 médecins destinataires du questionnaire), les résultats, tranchés, recèlent quelques surprises et jettent plusieurs pierres dans le jardin des syndicats médicaux. Une situation qui ne déplaît pas au Dr Gérard Maudrux, chirurgien urologue lui-même retraité, reconduit pour trois ans à la tête de la CARMF et qui cultive son image de franc-tireur.
Premier enseignement : l’alignement (des trois régimes) à 67 ans pour la retraite à taux plein est majoritaire, aussi bien chez les cotisants (51 %) que chez les retraités (58 %). « Le choix du cœur, c’est 65 ans mais la raison, c’est 67 ans », décrypte le Dr Maudrux qui salue le « pragmatisme » de ses confrères. En pratique, le régime de base est à 67 ans depuis deux ans (taux plein) et la réforme de l’ASV a inscrit cet allongement dans les projections du régime. « Cela a été validé par les syndicats mais sans l’assumer », accuse en tout cas le Dr Maudrux. À noter qu’un affilié sur quatre veut maintenir les 65 ans à taux plein pour le seul régime complémentaire.
Interrogés sur les mesures d’économies nécessaires au régime complémentaire, en situation de léger déséquilibre financier, 38 % des médecins se rangent à l’idée d’une augmentation des cotisations. À l’inverse, la baisse de la valeur du point est massivement rejetée (seuls 6 % de partisans). Un médecin sur deux appelle de ses vœux un « mixage équitable » entre ces mesures. « Plus personne ne souhaite taper sur les retraités », en déduit le Dr Gérard Maudrux. Le conseil d’administration de la CARMF (qui gère le régime complémentaire) vient de voter une augmentation de 1,8 % de la valeur du point du RC pour 2013 (égale à l’inflation). Parallèlement, le taux de cotisation du RC passera de 9,2 % à 9,3 % l’an prochain.
Arrière-garde.
Au grand dam des syndicats, la CARMF a sondé le corps médical sur la réforme de l’ASV, négociée en 2011. La profession se montre réticente. Près d’un médecin sur deux désapprouve cette réforme (la proportion est équivalente chez les cotisants et les retraités), seul un petit quart y est favorable, le reste étant sans opinion. Le Dr Maudrux n’est « pas surpris », il estime que cette réforme de l’ASV s’est faite sur le dos des médecins. « La réforme est publiée, le régime a été sauvé, c’est un combat d’arrière-garde », réplique le Dr Yves Decalf, monsieur « retraites » à la CSMF.
Enfin, même si ce n’était pas de son ressort, la CARMF a consulté ses affiliés sur leur couverture maladie, caractérisée par un délai de carence de 90 jours avant de bénéficier des IJ. La question posée était : « souhaitez-vous un régime couvrant les IJ à partir du quinzième jour »? Les affiliés ont répondu par l’affirmative à 45 %. « Ces réponses signifient que le libéral réclame le droit d’être malade », commente le Dr Maudrux, qui tacle encore les syndicats. « Ils n’ont rien fait sur la couverture maladie, la CARMF fera une étude technique. Il faut bien que quelqu’un s’en occupe ! Quand un médecin perd trois mois de chiffres d’affaires, il met deux ans pour s’en remettre ».
(1) Le Syndicat national des médecins concernés par la retraite (SNMCR, affilié à la CSMF), a jugé que ce questionnaire n’était qu’un « simulacre de démocratie ». MG France a qualifié cette étude de « référendum Maudrux ». La consultation CARMF se base sur les déclarations des répondants, elle n’utilise pas les méthodes des sondages (quotas).
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