À Aubervilliers, le Dr Wilthien dénonce l’« imbroglio intolérable » de la mise aux normes

Publié le 29/01/2015
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Au premier coup d’œil, le cabinet du Dr François Wilthien, médecin généraliste à Aubervilliers, n’aurait besoin que de légers aménagements pour être accessible aux personnes en situation de handicap.

Les deux premières marches à l’extérieur, suivies d’une troisième quelques centimètres plus loin, ne semblent guère infranchissables. Un curieux plan incliné part sur leur droite, pour donner sur une deuxième porte d’entrée, certes plus petite. Dans le hall, le visiteur tombe rapidement sur l’ascenseur. Avec ses 120 mètres carrés, divisés en quatre salles de consultation, l’intérieur du cabinet, au premier étage, donne une impression d’espace.

Trois marches freinent l'accès au cabinet du Dr Wilthien. Crédit photo : S. Toubon.

En réalité, il faudrait... 38 000 euros de travaux hors taxe pour mettre aux normes le cabinet, selon un diagnostic. Et encore : il ne sera pas accessible aux fauteuils roulants. Seule une (trop) longue rampe qui irait jusqu’à la rue pourrait permettre de franchir les deux premières marches. « La porte de l’immeuble est trop étroite, l’interphone et les boîtes aux lettres, regroupées en un seul bloc, trop hauts, l’ascenseur, qui a été refait fin 2013 et que les copropriétaires remboursent encore, n’est pas aux normes, tout comme les sanitaires du cabinet médical » énumère le Dr Wilthien.

Le diagnostic réalisé en janvier 2014, qui indiquait déjà une inaccessibilité à 100 % pour les handicaps visuels et pour l’équilibre précaire, et à 95 % pour le handicap moteur, est aujourd’hui obsolète. « Les critères ont changé au 1er janvier 2015. C’est un imbroglio intolérable », dénonce le Dr Wilthien.

« Hymne à la dérogation »

Le généraliste attend le retour de son syndic. « Ils vont me dire de refaire un diagnostic. Mais les travaux de mise aux normes de l’ascenseur ne passeront jamais en assemblée générale, on aura sûrement la dérogation pour refus de copropriété, et la dérogation pour impossibilité technique pour les trois marches de l’entrée », explique le Dr Wilthien. « Cette loi est un hymne à la dérogation ! » ironise-t-il.

Il juge le texte confus pour son cas particulier (retraite proche et cession). « Avec ma femme, nous avons à quelques mois près 65 ans, et souhaitons prendre notre retraite. Mais nous n’avons aucune certitude sur la cessibilité de la dérogation, surtout qu’il est dur d’avoir un agrément pour un site de soins dans le 93 ! » fait valoir le Dr Wilthien. « Et la cerise sur le gateau est le Cerfa de 6 pages que je dois remplir, et qui n’a rien à voir avec de la médecine ! » enchérit-il.

« Cela fait 40 ans que nous travaillons ici, dans un département frappé par la sous-densité médicale. On s’est agrandi dans les années 2000, 30 à 50 patients viennent au cabinet chaque jour. Nous accueillons des internes et faisons des visites à domicile pour les personnes âgées. Nous n’avons jamais égaré aucun patient malvoyant ni eu de problème avec les mères poussant des poussettes. La mise en accessibilité des cabinets est un coup de poignard, un pavé de plus lancé dans la médecine libérale ! » conclut le vice-président de MG France.

C.G.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9382