« Sans filtre » a valu au cinéaste suédois Ruben Östlund sa deuxième Palme d'or, après « The Square » en 2017. De quoi être perplexe, même si l'on comprend que le jury de Vincent Lindon a été sensible aux préoccupations politico-sociologiques du réalisateur. Car ces 142 minutes débordent de considérations plus ou moins nuancées sur la dictature de l'apparence (d'où le titre original, « Triangle of Sadness », la ride du souci, et deux des personnages principaux, un couple de mannequins influenceurs), l'égoïsme des ultrariches, la lutte des classes (c'est là qu'intervient la femme de ménage) et le marxisme. Cela sous la forme de séquences pleines d'imagination mais pas si palpitantes, avec des scènes supposées comiques à la limite du supportable quand la croisière de luxe se transforme en jets gigantesques de vomissures et autres substances corporelles dégoûtantes. Ce qu'on résume volontiers comme le croisement de « Titanic » et de « la Grande Bouffe », est donc loin d'avoir fait l'unanimité. À vous de juger.
« Maria rêve » peut s'enorgueillir pour sa part du prix du public au Festival du film romantique de Cabourg. C'est le premier long métrage de Lauriane Escaffre et Yvo Muller, deux acteurs à la base, distingués en 2020 par un César pour leur court métrage « Pile Poil ». Dans leur cas, la volonté discrète de raconter l'émancipation d'une femme de ménage de 50 ans et l'excellente idée de la susciter par l'art. Maria est embauchée aux Beaux-Arts, la prestigieuse école étant filmée avec créativité dans tous ses coins et recoins. Et ce qu'elle va y voir, outre la rencontre avec l'original gardien, va lui ouvrir de nouvelles perspectives. Karin Viard et Gregory Gadebois sont épatants, épaulés par d'autres comédiens convaincants, dont les deux réalisateurs et Noée Abita. C'est un joli film, souvent drôle, qui donne envie aussi de changer de point de vue.
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