L’Iranien Jafar Panahi ne peut et ne veut rien faire d’autre que du cinéma. Mais, condamné en 2010 pour « propagande contre le régime », le réalisateur du « Cercle », en liberté sous caution, n’a pas le droit de réaliser ou d’écrire de films, de s’exprimer et de sortir de son pays, sous peine de 20 ans de prison par interdit bravé. Une menace qui ne l’empêche pas de tourner et de signer, avec « Taxi Téhéran », une œuvre cinématographique des plus convaincantes – récompensée par l’Ours d’or du festival de Berlin, que sa nièce est allée chercher à sa place.
Avec des caméras bien nommées Black Magic, qui peuvent se dissimuler dans des boîtes de mouchoirs en papier, Jafar Panahi a réussi à faire rentrer sa ville dans un taxi et à brosser, sans en sortir, un portrait de la société iranienne. C’est un docu-fiction qui n’a rien de théorique. Joués par des non-professionnels, comme l’étonnante nièce, l’avocate des droits de l’Homme Nasrin Sotoudeh ou des amis d’amis, les passagers qui se succèdent dans le taxi conduit par le cinéaste sont de vrais et très vivants personnages, même s’ils sont plus ou moins dans leur propre rôle. Les dialogues ne manquent pas d’humour, y compris pour évoquer les contraintes qui pèsent sur les uns et les autres. Et il y a une mise en scène qui joue, parfois à la limite du burlesque, des situations suggérées. Une leçon de cinéma en liberté.
L’Australien Russell Crowe, pour son premier long métrage en tant que réalisateur – dans lequel il a le rôle principal –, ne sort pas du cadre convenu du mélodrame à grand spectacle, mais il le fait bien. « La Promesse d’une vie » (encore un titre français bateau, en VO « The Water Diviner ») se déroule pour l’essentiel en Turquie où, en 1919, un paysan australien (qui sait où creuser pour trouver de l’eau dans les terres arides) cherche les corps de ses trois fils, portés disparus lors de la terrible bataille de Gallipoli, en 1915, une date importante aussi dans l’histoire de l’Australie. Accompagné par un officier turc, il surmonte de nombreux obstacles pour se rendre sur place, ce qui nous vaut quelques belles chevauchées dans d’impressionnants paysages. La touche féminine et sentimentale est assurée par Olga Kurylenko, improbable tenancière d’hôtel à Constantinople.
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Parmi les autres films de la semaine, on s’intéressera à « En équilibre », de Denis Dercourt (réalisateur apprécié de « la Tourneuse de pages »), avec Albert Dupontel en cascadeur équestre paralysé après un accident et Cécile de France dans le rôle de la personne chargée de son dossier d’assurances. On signalera également « Enfant 44 », avec Thomas Hardy, d’après le roman de Tom Rob Smith, thriller sur des meurtres d’enfants en Union Soviétique dans les années 1950 ; et « Une belle fin », aux accents tragicomiques, sur un Britannique solitaire chargé de retrouver les proches de défunts morts sans famille connue. Pour les enfants, « En Route ! », la dernière production DreamWorks.
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