Corée : rapprochement olympique, éloignement sur le plan de la santé

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Publié le 19/02/2018
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Crédit photo : AFP

Les espoirs de détente renaissent en Corée avec la participation d’une délégation du Nord aux Jeux olympiques organisés par le Sud. Mais sur le plan de la santé, les deux populations semblent plus éloignées que jamais. C’est en tout cas ce que semble montrer une étude portant sur la santé des réfugiés septentrionaux installés dans la partie méridionale de la péninsule.

À l’occasion des Jeux olympiques d’hiver, la station de sports d’hiver sud-coréenne de Pyeongchang accueille des athlètes venus du monde entier, y compris de Corée du Nord. Ces athlètes envoyés de l’autre côté du 38parallèle ne doivent pas faire oublier que des centaines de réfugiés franchissent chaque année la frontière au péril de leur vie pour venir se réfugier au Sud. Des chercheurs de l’université de Corée ont justement réalisé une étude épidémiologique pour étudier leur état de santé : la cohorte Norns (pour North Korean Refugee Health in South Korea). Cette cohorte rassemble environ un millier de réfugiés, qui passent une première visite lors de leur inclusion dans l’étude, et une seconde trois ans et demi plus tard. À chaque fois, un questionnaire et un examen médical permettent d’étudier des domaines aussi divers que la santé mentale, le métabolisme, la santé de la reproduction (la méthodologie détaillée a été décrite dans un article paru dans BMC Public Health en 2012).

Syndrome métabolique et carence en vitamine D

Selon la Banque mondiale, l’espérance de vie atteint 71 ans au Nord contre 82 ans au Sud. Les chercheurs de la cohorte Norns montrent, dans un article publié dans le BMJ, que bien que la prévalence de l’obésité soit bien plus forte au Sud qu’au Nord, celle du syndrome métabolique y est comparable. En cause, : la rareté des traitements contre l’hypertension au Nord, des différences dans la consommation de sel, ou encore la malnutrition pendant l’enfance, qui peut avoir des répercussions à l’âge adulte.

Toujours dans le BMJ, d'autres résultats issus de la cohorte Norns ont mis en évidence une carence en vitamine D (25-OH-D < 20 ng/ml) chez 87 % des réfugiés. Aucun des participants de l’étude n’avait un niveau de vitamine D adéquat (25-OH-D ≥ 30 ng/ml). Une situation qui pourrait s’expliquer, d’après les auteurs, notamment par des conditions économiques particulièrement défavorables, par la famine qui a sévi au Nord entre 1994 et 1998, ainsi que par un système de santé particulièrement défaillant.

Norns pour préparer la réunification

Il ne faudrait pas croire que cette accumulation de mauvais chiffres de la part de chercheurs du Sud a pour but de casser un peu plus l’image des voisins du Nord. Au contraire, l’un des objectifs de la cohorte Norns est de préparer la réunification. « Les résultats obtenus dans le cadre de cette étude doivent être utilisés pour développer des politiques de santé en faveur des réfugiés et du peuple nord-coréen après l’unification », écrivent les initiateurs de la cohorte dans leur premier papier. Une perspective lointaine, mais qui sait si les Jeux olympiques en cours ne vont pas hâter quelque peu sa réalisation ?

Adrien Renaud

Source : lequotidiendumedecin.fr