CINEMA - « Sous la ville », d’Agnieszka Holland

Dans les profondeurs du bien et du mal

Publié le 10/10/2012
Article réservé aux abonnés
1349831684377389_IMG_90759_HR.jpg

1349831684377389_IMG_90759_HR.jpg
Crédit photo : J. M. DICHANT

AGNIESZKA HOLLAND est née en Pologne en 1948. Sa famille paternelle a disparu dans le ghetto, son père est mort dans des circonstances mystérieuses lors d’un interrogatoire de police, lorsqu’elle avait 13 ans. Coscénariste de Wajda et Kieslowski, entre autres, elle a travaillé en Pologne mais aussi en France et aux États-Unis, sur des films, téléfilms, séries (« Washington Square », « Rimbaud, Verlaine », des épisodes de « Treme », « Sur écoute », « Cold Case »...). Déjà réalisatrice de deux longs métrages évoquant la Shoah, « Amère récolte » et « Europa, Europa », elle se penche à nouveau sur cette terrible période et les interrogations métaphysiques et morales qu’elle suscite toujours, en s’inspirant d’une histoire vraie. Celle de Leopold Socha, un Polonais magouilleur qui cache un groupe de Juifs du ghetto de Lvov dans les égouts de la ville, d’abord pour l’argent, puis parce que les fugitifs sont devenus « ses » Juifs, un peu comme sa famille.

C’est l’un des intérêts du film d’Agnieszka Holland que de montrer les ambiguïtés des uns et des autres, la bonté possible du profiteur, la part d’ombre de certaines victimes. Un autre atout, et pas des moindres, de « Sous la ville », est de nous faire vivre l’enfermement, les ténèbres, la puanteur même, presque comme si on y était : un défi technique relevé en privilégiant l’humanité des personnages.

Qu’on n’ait donc pas peur de s’enfoncer sous terre en sa compagnie, même si le voyage dure plus de deux heures (145 minutes). Un temps marqué de plusieurs suspenses, sur le sort des échappés du ghetto et de leur sauveur, plusieurs fois menacés, et sur leur évolution psychologique.

R. C.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9172