« Mommy », de Xavier Dolan

De beaux débordements

Publié le 09/10/2014
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Crédit photo : S. LAVERDIARE

Cinéma

À 25 ans, Xavier Dolan rêvait de la palme d’or. Il ne l’a pas eu mais le prix du jury – ex æquo avec Jean-Luc Godard, qui plus est –, à cet âge, c’est déjà exceptionnel. « Mommy » est le 5e film du prodige du cinéma québécois, après « J’ai tué ma mère », signé à 20 ans et qui avait fait du bruit dans le Landerneau cinéphilique, « les Amours imaginaires », « Laurence Anyways » et « Tom à la ferme ». Le sujet est dur : la relation d’une veuve extravertie et de son fils adolescent impulsif et violent (il souffre d’un TDAH, trouble déficit de l’attention/hyperactivité), qu’elle a accepté de reprendre avec elle pour lui éviter l’institution. Le jeune cinéaste a voulu en faire « une fable rayonnante sur le courage, la transmission, l’amour et l’amitié ».

Pendant deux heures un quart, ça s’agite, ça se dispute, ça crie très fort en québécois (sous-titré) souvent argotique. On peut trouver cela émouvant ou fatigant, au choix. Ou les deux à la fois. Car si l’on souffre des débordements sonores et gestuels des personnages, on est touché par la bonne volonté de la mère (Anne Dorval), la spontanéité tour à tour charmeuse et diabolique du fils (Antoine Olivier Pilon) et la retenue bégayante de la voisine (Suzanne Clément).

Et puis il y a le style, les idées de cinéma qui, elles aussi, débordent. À commencer par l’audace du format, le 1:1, totalement carré, qui centre encore le regard sur les protagonistes. Et la lumière, ces oranges et ces roses censés faire oublier ce que l’histoire peut avoir de glauque. Et la musique, rien moins que discrète  : Dido, Oasis, Céline Dion, Counting Crows.

Autres films, expo et festival

Julien Neel a porté à l’écran « Lou ! Journal infime », sa BD à succès qui met en scène une fille de 12 ans et sa mère (Ludivine Sagnier). Sylvie Ohayon adapte aussi, avec Sylvie Verheyde, son propre livre, « Papa was not a Rolling Stone », qui évoque la vie à La Courneuve d’une jeune fille, dans les années 1980. Loin de là, David Fincher signe « Gone Girl », un thriller d’après « les Apparences », best-seller de Gyllian Flynn, avec Ben Affleck (a-t-il tué sa femme, qui a disparu?). Côté documentaire, c’est le grand Frédéric Wiseman qui nous ouvre les portes de la « National Gallery », à Londres.

« Je fais des films pour réaliser mes rêves d’adolescent, pour me faire du bien et, si possible, faire du bien aux autres » : on a jusqu’au 25 janvier pour rendre visite à François Truffaut à la Cinémathèque de Paris. L’exposition qui retrace son parcours a bénéficié des archives du cinéaste données par sa famille (scénarios annotés, correspondance, notes manuscrites, photos…). Et la rétrospective intégrale de ses films est programmée jusqu’au 30 novembre. À Lyon, le festival Lumière, du 13 au 19 octobre, propose un superbe programme, avec en vedette Pedro Almodovar (www.festival-lumiere.org).

Enfin, un peu de lecture avec les mémoires de Gérard Depardieu, « Ça s’est fait comme ça », confidences à Lionel Duroy de celui qui, voyou à 14 ans, est devenu comédien par hasard (XO éditions, 176 p., 16,90 euros).

Renée Carton

Source : Le Quotidien du Médecin: 9355