C'est le moment ou jamais de sauver le cinéma. L'aide à la création, qui vient d'être augmentée de 165 millions, ne servira à rien si le public continue à bouder les salles, qui, cet été, ont été deux fois moins fréquentées que d'habitude. En attendant d'éventuelles locomotives hollywoodiennes, les films français ne manquent pas d'arguments.
Ce sont surtout les comédies qui se disputent l'affiche, dont deux nouveautés cette semaine : « Énorme », de Sophie Letourneur avec Marina Foïs et Jonathan Cohen (pianiste reconnue, elle ne veut pas d'enfant, il se débrouille pour qu'elle tombe enceinte en trafiquant sa contraception), et « Poissonsexe », histoire loufoque d'Olivier Babinet dans laquelle Gustave Kervern est un scientifique dépressif qui veut redonner aux poissons, disparus des océans, l'envie de s'accoupler. Mais si on ne doit voir qu'un seul film ces jours-ci, ce devrait être côté drame, avec « Police ».
« Police », d'Anne Fontaine
Virginie, Aristide, Erik, trois policiers parisiens. Une journée comme les autres : une femme battue à accompagner chez elle pour qu'elle puisse prendre ses affaires, un homme en crise à maîtriser, des rapports à rédiger… Chacun des trois avec sa conception plus ou moins rigide des devoirs de sa profession. Et par ailleurs son fardeau personnel, évoqué à petites touches.
Une journée qui ne restera pas comme les autres. Manque de personnel. Les trois flics, qui ne sont pas formés pour ça, sont chargés de conduire jusqu'à l'aéroport un réfugié qui va être renvoyé dans son pays.
Anne Fontaine, à partir du roman d'Hugo Boris, brosse un tableau empathique du vécu de ces policiers ordinaires, jusqu'à cette situation pour eux extraordinaire qui va précipiter l'action. Elle n'en fait pas des héros, encore moins des prisonniers d'un métier qu'ils accompliraient sans réfléchir. Tout l'intérêt de « Police » est dans les ambiguïtés professionnelles et personnelles de ses personnages (sans oublier celui du réfugié expulsé, incarné par Payman Maadi). Éclairés par Yves Angelo, toujours inspiré, filmés au plus près par la réalisatrice, Virginie Efira, Omar Sy et Grégory Gadebois se surpassent.
Et aussi
Parmi les films déjà sortis, ne manquez pas « Petit Pays », d'Éric Barbier, l'histoire d'un jeune garçon franco-rwandais qui va voir son monde s'écrouler jusqu'au massacre des Tutsis en 1994, d'après le livre autobiographique de Gael Faye. Et risquez-vous à tenter de comprendre les mouvements du temps de « Tenet », de Christopher Nolan, qui, à défaut d'être totalement convaincant, comporte dans ses 2 h 30 de beaux moments de cinéma.
À signaler aussi une autre nouveauté de la semaine, « Ema », du Chilien Pablo Larrain, autour d'une jeune danseuse (Mariana Di Girólamo) mariée à un chorégraphe de renom (Gael Garcia Bernal) et d'une adoption ratée.
À rattraper en VOD (et/ou livre, aux éditions de La Martinière), « Woman », de Yann Arthus-Bertrand et Anastasia Mikova. Le documentaire, qui était sorti juste avant le confinement pour la Journée de la femme, est le fruit de 2000 interviews de femmes réalisées dans plus de 50 pays, sur la maternité, l'éducation, le mariage, l'indépendance financière, la sexualité…
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