Sus aux inégalités de santé

Des comportements moins favorables chez les jeunes franciliens

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Publié le 11/05/2017
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Les comportements des adolescents d'Ile-de-France sont moins favorables à la santé que ceux des adolescents des autres régions. C'est la conclusion d'un rapport de l'Observatoire régional de santé (ORS) Ile-de-France, après exploitation des données issues des enquêtes de santé en milieu scolaire réalisées en 2003-2004 et 2008-2009 par les ministères de la Santé et de l'Éducation nationale.

Pour cette étude, Laure Schnabel et Catherine Vincelet ont analysé les habitudes alimentaires, l'activité physique, la sédentarité et le statut pondéral de 7 176 élèves de troisième, dont 1 274 franciliens. Le statut socio-économique de ces adolescents a également été renseigné.

Selon les chercheuses de l’ORS, « il existe des inégalités de santé entre l’Ile-de-France et les autres régions de France concernant l’adhésion des adolescents à des comportements recommandés en matière de santé nutritionnelle. »

Moins de légumes, moins de petit-déjeuner, moins de sport

Les adolescents franciliens consomment, en effet, moins de légumes et prennent moins de petits-déjeuners que ceux des autres régions ; ils utilisent également plus les écrans.

Par ailleurs, les élèves issus des milieux socio-économiques les moins favorisés (scolarisation en ZEP, ménage parental ouvrier, parents inactifs professionnellement, famille monoparentale) consomment davantage de boissons sucrées, moins de légumes et prennent moins souvent un petit-déjeuner que ceux venant de milieux plus aisés. Ils pratiquent également moins d’activités sportives extra-scolaires et utilisent les écrans de façon plus importante.

Ainsi, bien que les prévalences du surpoids et de l’obésité soient globalement comparables entre l’Ile-de-France et les autres régions, celles-ci sont plus élevées chez les élèves des milieux socio-économiques les moins favorisés, et de façon encore plus marquée en Ile-de-France.

Des chiffres relativement stables

Entre 2003-2004 et 2008-2009, les auteures ne notent pas d’évolutions significatives des habitudes alimentaires des jeunes franciliens en général, excepté une diminution de la prise du petit-déjeuner.

Une baisse de la consommation de légumes ou une diminution de la fréquence des petits-déjeuners est toutefois observée dans certaines catégories socio-professionnelles moins favorisées (enfants d’employés, père au chômage, mère au foyer ou retraitée ou père en activité).

L’activité physique est également en baisse chez les élèves des ZEP, chez les adolescents dont les parents exercent une profession indépendante (agriculteur, commerçant, artisan, chef d’entreprise…) et chez ceux élevés par un seul parent. L’utilisation des écrans augmente, quant à elle, chez les enfants d’employés.

Donner les moyens aux familles

Pour le Dr Ludovic Toro, président de l’ORS et maire de Coubron, ces résultats ne sont pas surprenants : « l’Ile-de-France est carencée en structures sportives et les accès à ces structures ne sont gratuits qu’en milieu scolaire, pas en dehors, ce qui aboutit à plus d’écran ». Par ailleurs, « les plus pauvres n’ont pas les moyens s’acheter des produits [les légumes] qui coûtent 3 à 4 fois plus chers qu’un morceau de pain », note-t-il. Enfin, selon lui, l’Ile-de-France « est très en retard sur le développement de transports en communs », ce qui aboutit à des temps de transports plus importants pour les parents. De ce fait, « ceux-ci ont moins de temps pour faire prendre un petit-déjeuner à leurs enfants, et moins de temps pour cuisiner des plats équilibrés », souligne-t-il.

Et l’élu de regretter qu’entre les deux études il y ait quasiment une stabilité des données. « Les politiques de prévention en matière de santé mises en place depuis des années n’ont pas donné grand-chose », regrette-t-il. « Il est inutile de continuer à faire des études qui disent aux gens quoi faire si on ne leur donne pas les moyens de le faire », insiste-t-il. « Donnons des structures aux adolescents pour qu’ils fassent du sport et du temps aux parents en leur offrant des moyens de transport adaptés, sans quoi, tous ces rapports ne serviront à rien », conclut-il.

Stéphany Mocquery

Source : Le Quotidien du médecin: 9580