Coupe du monde de football en Afrique du Sud

Des risques sanitaires limités

Publié le 01/06/2010
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« BIEN QUE l’Afrique du Sud soit perçue comme une destination exotique pour la Coupe du monde de football, il est très probable que les risques sanitaires ne diffèrent pas considérablement de ceux qui sont observés lors de rassemblements similaires en hiver en Europe » : telle est la conclusion d’une synthèse réalisée par l’Institut de veille sanitaire* à la veille de la compétition à laquelle sont attendus quelque 350 000 visiteurs, dont 4 000- 5 000 Français.

Les risques devraient être d’autant moins élevés que les autorités sud-africaines préparent depuis longtemps cet événement mondial et ont mis en place un certain nombre d’actions (voir encadré). Certains d’entre eux n’en sont pas pour autant négligeables. Les plus importants ne sont pas à proprement parler sanitaires, puisqu’il s’agit des accidents de la route et de la criminalité. Avec 14 000 décès en 2008, l’Afrique du Sud a l’une des incidences d’accidents les plus élevées au monde ; il est déconseillé de conduire sur des routes qu’on connaît mal ou en zones rurales, particulièrement la nuit. La criminalité, malgré les efforts du gouvernement, est aussi une forte préoccupation : le risque de vol, d’attaque à main armée, de vol de voiture ou d’agression ne peut pas pas être exclu.

Maladies transmissibles.

Sur le plan sanitaire, si le climat n’est pas un souci (hivers généralement doux et secs), il faut prendre garde aux maladies transmissibles. Une épidémie de rougeole est en cours depuis janvier 2009 et il est recommandé à tous les voyageurs d’être vaccinés. La fièvre de la vallée du Rift, zoonose des ruminants transmise par les moustiques, sévit dans 7 des 9 provinces du pays, avec 203 cas humains confirmés, dont 20 décès. Le risque est faible sur les sites de la Coupe du monde ; il faut éviter tout contact avec des animaux lors de visites dans les zones rurales, et plus particulièrement dans les parcs nationaux. Le risque est très limité également pour les autres fièvres hémorragiques virales, compte tenu de la santé et de l’exposition limitée  : fièvre jaune (la vaccination est obligatoire pour les voyageurs de plus de 1 an arrivant d’une zone ou d’un pays endémique), fièvre hémorragique de Crimée-Congo (cas humains sporadiques), virus Lujo (5 cas nosocomiaux en septembre et octobre 2008).

Il faut prendre garde aussi aux maladies à transmission vectorielle, avec une prévention appropriée, même si, là encore, le risque est limité sur les sites de la compétition : le paludisme (2 parcs se trouvent dans des zones endémiques), la dengue (importation possible par des voyageurs virémiques), la fièvre boutonneuse africaine (infection bactérienne transmise par les tiques, qui peut être une menace dans les zones rurales ou les étendues sauvages des parcs nationaux) ; pour le chikungunya, aucun cas n’a été signalé ces dernières années.

Le risque de maladies sexuellement transmissibles est, lui, réel et augmenté par le fait que des événements sportifs du type de la Coupe du monde rassemblent beaucoup de jeunes adultes. L’Afrique du Sud a un fort taux d’infections par le VIH (20  % des 15-49 ans) mais aussi de syphilis (4,9 % de la population en 2000) et est touchée, comme bien d’autres pays de l’Afrique subsaharienne, par les gonorrhées, les chlamydias, les hépatites B et C. Un seul conseil, donc, protéger les rapports sexuels.

Comme pour tout rassemblement de masse, il est par ailleurs conseillé aux voyageurs de mettre à jour leurs vaccinations méningite à méningocoques, poliomyélite, rubéole (près de 3 000 cas en 2009) et diphtérie (un cas en 2008). Autre recommandation de vaccination par les autorités sud-africaines, la grippe A(H1N1) 2009. Quant à la tuberculose, si elle est importante dans le pays (40 cas pour 100 000 habitants), le risque est réduit dans les lieux de plein air que sont les stades.

Enfin, les précautions habituelles d’hygiène sont rappelées face au choléra, endémique dans le sud de l’Afrique. Et, pour éviter la schistosomiase, il est recommandé de ne pas nager dans les eaux douces et de préférer les piscines chlorées ou l’eau salée.

* www.invs.sante.fr.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8781