Encore un film sur le deuil – et ce n'est pas fini ! Mais le scénario original de Bryan Sipe, la mise en scène inspirée de Jean-Marc Vallée et l'interprétation sensible de Jake Gyllenhaal font de « Demolition » une variation digne d'intérêt.
Le héros, jeune financier efficace qui travaille dans la société de son beau-père, perd sa femme dans un accident de voiture. Il peine à exprimer ce qu'il éprouve (ou n'éprouve pas), sinon par un moyen que l'on ne révèlera pas pour ne pas gâcher la saveur du film.
Jean-Marc Vallée, cinéaste originaire de Montréal, a été remarqué avec « C.R.A.Z.Y » et a signé ensuite notamment « Café de Flore », « Dallas Buyers Club » et « Wild ». Le scénario de Sipe, qui a longtemps figuré sur la Black List d'Hollywood (les meilleurs scénarios qui n'ont pas trouvé de producteur), lui permet de mêler dramatisation, humour, fut-il désespéré, voire cocasserie, et émotion. Il lui permet d'aborder, outre le deuil, différents thèmes, comme les interrogations sur le vide qu'il peut y avoir derrière la réussite financière, le sens de l'engagement dans le couple ou les incertitudes d'identité à l'adolescence.
Jake Gyllenhaal trouve là l'un de ses meilleurs rôles, déclinant avec subtilité la palette des sentiments, jusqu'à leur absence. Naomi Watts, Chris Cooper et un débutant prometteur, Judah Lewis, l'entourent efficacement.
La vérité trahie
À première vue, « Truth », après « Spotlight », est une nouvelle ode au journalisme d'investigation, puisqu'il s'agit de l'enquête sur la façon dont le jeune George Bush aurait échappé au Vietnam et à ses obligations militaires entre 1968 et 1974. Mais, surtout, le film montre comment la vérité peut être tordue, retournée par une habile campagne véhiculée en particulier par Internet. Les auteurs des révélations, diffusées sur CBS alors que la campagne présidentielle de 2004 bat son plein, en paieront le prix. Mary Mapes, la productrice, sera licenciée, et Dan Rather y perdra son fauteuil de présentateur vedette.
« Truth : le prix de la vérité » s'inspire des mémoires de Mary Mapes. Le scénariste James Vanderbilt (« Zodiac ») y a trouvé la matière de son premier film en tant que réalisateur. Il retrace toutes les étapes de l'affaire, dans laquelle la mise en cause des enquêteurs éclipsa vite le sujet pourtant brûlant de leur enquête – c'était le but recherché, George Bush Jr aurait pu y perdre sa réélection. C'est relativement complexe, car y interviennent des militaires, des blogueurs, des politiques... La sympathique petite équipe de Mary Mapes aura du mal à retrouver sa vérité dans les témoignages contradictoires et les reniements. Et le spectateur un peu aussi. Mais c'est passionnant. Alors on pardonne à la mise en scène d'être un peu trop sage.
Cate Blanchett est parfaite, Robert Redford, en Dan Rather, plutôt convaincant. Sans pouvoir faire oublier les outrages du temps : quarante ans ont passé depuis« les Hommes du président ». Quarante ans qui ont aussi quasiment détruit le pouvoir des médias. CQFD.
Et aussi cette semaine
Les vacances scolaires arrivent, on sort la grosse artillerie. À savoir « les Visiteurs 3 » (Jean-Marie Poiré), qui emmènent Godefroy et Jacquouille (Jean Reno et Christian Clavier) sous la Terreur. Pour rire aussi, en famille, « le Fantôme de Canterville » (Yann Samuell), avec Audrey Fleurot, Michaël Youn et Michèle Laroque. Et pour les amateurs de peplum fantastique, « Gods of Egypt ».
Plus intimistes, « l'Avenir », de Mia Hansen-L ve (Ours d'argent au festival de Berlin), avec Isabelle Huppert en professeur de philosophie, et « Sky », de Fabienne Bertheaud, avec Diane Kruger, les deux héroïnes en rupture de couple. Et encore « A Bigger Splash », de Luca Guadagnino (« Amore »), librement inspiré de « la Piscine », avec Tilda Swinton, Ralph Fiennes, Dakota Johnson et Matthias Schoenarts.
Signalons également la sortie le 8 avril, seulement en e-cinéma, de « The End », de Guillaume Nicloux, qui fait de Gérard Depardieu un chasseur égaré dans une forêt.
Pour la recherche
Les 10, 11 et 12 avril, les projections en avant-première du « Livre de la jungle », remake en live (pour le personnage de Mowgli) du classique de l'animation, permettront de recueillir des fonds pour la recherche. Grâce au Rotary et à Walt Disney, 8 € au moins sur chaque billet seront reversés à la Fédération pour la recherche sur le cerveau. L'opération « Espoir en tête » a permis, en onze ans, de récolter 8,7 millions.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série