Jean-Pierre Hue, Guy Crespy

Deux vies pour deux romans

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Publié le 03/04/2017
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EM-Docteur...

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EM-Petites histoires

EM-Petites histoires

Le Dr Jean-Pierre Hue déroule avec plaisir, voire tendresse, un parcours de praticien normand dans ses « Petites histoires d’un médecin de campagne… en Normandie, dans les années 1980 » (1). « Les flashs de ma mémoire sont parfois brefs, parfois longs… insistants. Je les laisse venir sous ma plume. Comme dans un rêve, ils n’ont pas d’ordre, ne respectent pas le temps, mais l’un appelle l’autre et j’aime à les revivre… » 

L’auteur dépeint des univers qui se sont ouverts à lui lors de ses visites à domicile. Il brosse avec humour et amour des miniportraits de patients et rapporte des anecdotes dans lesquelles se mêlent vécu, bon sens et souvent émotion. Il raconte par exemple, l’histoire de cette patiente dont la famille est soignée gracieusement tant la situation est délicate. « Vingt ans après (...)"Voilà tout ce que je vous dois, Docteur". » Elle avait noté sur un petit carnet, le montant de toutes les visites qui étaient dues. Quelques pages plus loin, autre scène : après avoir miraculeusement réanimé un petit enfant électrocuté, l’auteur se voit gratifié, deux ans plus tard, d’un magnifique « bocal en verre contenant une grosse truffe sauvage ».

Quant au Dr Guy Crespy, qui fut maire du Sauzet, dans la Drôme, il chemine sur son parcours personnel et professionnel dans « Docteur ou Mr le Maire - 1943-2015 ? » (2), un récit ponctué d’interrogations et réflexions multiples, souvent existentielles. Il fait l’inventaire de ses souvenirs pour la jeune Ebba (dont le sujet de thèse en médecine générale fait une interlocutrice privilégiée) et pour le lecteur convié à devenir « le garbagéologue » (analyste sociologique du contenu des poubelles) de ses souvenirs. Grand amateur de musique, « on y cherche l’indicible », l’auteur évoque Haydn et Lester Young. Féru de littérature et de philosophie, il dévoile sa vision du monde à travers des références à Spinoza, Camus, Céline…

S’il questionne plus particulièrement les ressorts des comportements et les rouages de notre environnement sociétal, économique et culturel, le Dr Crespy regrette – tout comme son confrère – une pratique de la médecine aujourd’hui disparue. « L’efficacité ou l’efficience devait avoir pour objectif le service de l’individu et non l’atteinte d’objectifs normatifs (...) Il n’y avait pour moi que des cas particuliers. » 

 

 

 

 

 

 

(1) Charles Corlet, 116 p., 17 €
(2) ÉdiLivre, 168 p., 13,50 €

Annick Bernhardt-Olivieri

Source : Le Quotidien du médecin: 9569