CINEMA - « La Vie domestique », d’Isabelle Czajka

Enjeux intimes

Publié le 03/10/2013
Article réservé aux abonnés
1380763034458353_IMG_111876_HR.jpg

1380763034458353_IMG_111876_HR.jpg
Crédit photo : DR

FEMMES au foyer désespérées ? Avec des moments de doute, certes, un sentiment de vide, parfois, mais pas si désespérées dans leurs confortables et modernes maisons d’une banlieue résidentielle, du côté de Marne-la-Vallée. Moins créatures de série à rebondissements que femmes d’aujourd’hui qui pourraient sortir, en tout cas l’héroïne, d’un livre de Virginia Woolf. C’est d’ailleurs à l’écrivain et à son « Mrs Dalloway » que se réfère Rachel Cusk, l’auteur de l’excellent roman « Arlington Park » (Éditions de l’Olivier, 2007), dont s’est inspirée Isabelle Czajka pour son troisième long métrage (après « l’Année suivante » et « D’amour et d’eau fraîche »).

Que ces références littéraires n’inspirent pas l’inquiétude. « La Vie domestique », dans lequel la réalisatrice a mis aussi ses propres interrogations sur le rôle des femmes, baigne dans le concret tout en filmant avec subtilité les états d’âme de Juliette et des trois autres épouses et mères qui se croisent le temps du récit, 24 heures.

Isabelle Czajka montre « comment les femmes, finalement, endossent de façon insidieuse, sournoise, sans qu’on les y oblige forcément, toutes ces petites choses du quotidien, ces choses qui sont à faire ». Juliette, spécialiste de littérature, se prépare pour un rendez-vous pour un poste auquel elle postule dans une maison d’édition tout en affrontant les mille tracas du quotidien, le rangement de la maison, les activités des enfants, les courses, la préparation d’un repas pour des invités… Le sujet pourrait paraître léger mais le film est aussi rempli que la journée de Juliette.

Ce ne sera peut-être pas l’avis des spectateurs masculins. Il serait dommage que, comme les époux du film, ils ne voient pas où est le problème. Ils devraient en tout cas être sensibles au talent d’Emmanuelle Devos, qui fait une composition toute en nuances – comme Roland Poitrenaux dans le rôle du mari. Julie Ferrier, Natacha Régnier et Helena Noguerra donnent également beaucoup de crédibilité à leurs personnages. Des femmes en lesquelles beaucoup d’autres, au foyer ou pas, se reconnaîtront.

RENÉE CARTON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9268