G8, Gênes, juillet 2001

DANS LA NUIT du 21 au 22 juillet 2001, alors que le sommet du G8 vient de s’achever à Gênes, marqué par de nombreuses manifestations et la mort par balle d’un altermondialiste, la police prend d’assaut l’école Diaz, où dorment des participants au Forum social. Les policiers, sous prétexte de rechercher des militants du Black Bloc, vont s’acharner sur les jeunes et moins jeunes (dont un journaliste) présents, sur place et dans la prison où on les transfère sans explication.

Daniele Vicari, pour raconter cet épisode, s’est appuyé sur les minutes du procès qui a conduit en 2008 à la condamnation de 44 policiers, carabiniers, gardiens de prison, médecins et infirmières (des appels sont toujours en cours). Mais le sujet reste si sensible en Italie qu’aucune chaîne de télévision n’a accepté de coproduire le film. Pour le cinéaste, « à la lecture des témoignages, on ne peut qu’être bouleversé : on a même du mal à dormir la nuit tant cela entache notre démocratie de manière profonde ». S’il montre longuement et au plus près les brutalités policières – quelques ellipses auraient soulagé le spectateur – et le sadisme de quelques-uns, il ne cache pas qu’un policier, au moins, a tenté d’éviter le pire. Et contrairement à ce que laisse croire le titre français, il ne tente pas de démonstration politique.

Le film est construit en va-et-vient avant et après un incident, la prise à partie d’une patrouille de police qui passe devant l’école dans l’après-midi du 21. S’il est parfois difficile de savoir à quel moment se situe telle ou telle séquence, cela reflète le chaos qui règne alors et qui aboutit à ce que certains ont qualifié de « boucherie » – dont rend mieux compte le titre original, « Diaz - Ne nettoyez pas ce sang ». On ne peut que compatir avec les victimes et s’indigner avec le réalisateur, même si l’on trouve le récit un peu appuyé.