Pour son premier long métrage, « Vierge sous serment », Laura Bispuri s’inspire du roman éponyme de l’écrivaine albanaise Elvira Dones et nous entraîne dans les glaçantes montagnes du Nord de l’Albanie, à la frontière du Kosovo, surnommées les montagnes des Damnés. Dans cette région reculée perdure ici et là un code ancestral datant de la domination ottomane, le Kanun ; il donne aux hommes des droits exclusifs qu’une femme ne peut acquérir qu’en faisant le serment de rester vierge à jamais et de se comporter comme un homme. C’est ce que choisit de faire Hana, pour sortir de l’enfermement dans le village isolé où le sort l’a fait naître.
La réalisatrice entremêle, avec plusieurs allers-retours, trois époques de son histoire : le présent, l’enfance d’Hana et de sa sœur Lila et leur jeunesse, lorsqu’elles avaient environ 20 ans. Hana, devenue Mark, va quitter l’Albanie pour l’Italie, où vit Lila. Un trajet qui sera une forme de libération, même si subsiste, comme le souligne Laura Bispuri, l’interrogation : « Les femmes sont-elles si libres que ça aujourd’hui ? » Une belle réflexion, portée par l’interprétation d’Alba Rorhwacher, stupéfiant androgyne.
Autre continent, autre genre. Kiyoshi Kurosawa aime jouer avec le fantastique, les morts, les fantômes. Dans « Vers l’autre rive », ce n’est pas pour faire peur mais pour évoquer la subtilité des sentiments humains, de l’amour et du chagrin. Un homme, mort trois ans auparavant, convie sa compagne à travers les villages et les rizières, à la rencontre de ceux qu’il a croisés depuis qu’il s’est noyé : un voyage initiatique, métaphore de l’accompagnement d’une personne mourante et du travail de deuil. Le film, primé pour sa mise en scène à Cannes, où il a été présenté dans la section Un certain regard, parle moins de tristesse que d’apaisement, de mort que de compréhension.
Le cinéma français domine en nombre. « Un début prometteur », d’Emma Luchini, est l’adaptation du livre du même titre de Nicolas Rey (son compagnon) ; on y suit deux frères, l’un désabusé (Manu Payet), l’autre idéaliste (Zacharie Chasseriaud) et leur père (Fabrice Luchini) face à l’également prometteuse Veerle Baatens. Alice Winocour, après « Augustine » (du nom de la patiente de Charcot), signe « Maryland », dans lequel Matthias Schoenaerts incarne un ancien soldat devenu paranoïaque, garde du corps de Diane Kruger. Clément Cogitore, dans « Ni le ciel ni la terre », évoque aussi la guerre en Afghanistan, avec Jérémie Rénier, Kévin Azaïs, Swann Arlaud. Éric Hannezo relit dans « Enragés » un film de Mario Bava (« les Chiens enragés »), avec des braqueurs qui prennent en otage une femme (Virginie Ledoyen) puis un père (Lambert Wilson) et sa fille malade. Baya Kasmi, coscénariste du « Nom des gens » et d’« Hippocrate », livre son premier long métrage, « Je suis à vous tout de suite », une comédie dont les héros (Vimala Pons, Ramzy Bedia, Agnès Jaoui), sont atteints d’un syndrome handicapant, ne pas savoir dire non. Gilles Legrand (« Malabar Princess »), avec « l’Odeur de la mandarine », réunit deux victimes de la guerre, en 1918, lui (Olivier Gourmet) a perdu une jambe, elle (Georgia Scalliet, de la Comédie-Française) pleure le père de sa fille. À découvrir, venu d’ailleurs, « Lamb », le parcours d’un garçon de 9 ans et de sa brebis en Éthiopie, un récit « semi-autobiographique » de Yared Zeleke.
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