« Twelve Years a Slave », de Steve McQueen

La vérité de l’esclavage

Publié le 23/01/2014
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Cinéma

Un homme libre se retrouve esclave, vivant dans sa chair et dans son esprit la souffrance d’être traité comme un animal, voire pire. Il s’appelle Solomon Northup et a raconté, dans un livre publié en 1853, ses douze ans d’esclavage en Louisiane, après avoir été enlevé. Le Congrès a interdit en 1807 l’importation d’esclaves et, avec 13 États esclavagistes (contre 13 abolitionnistes), en ces années qui précèdent la guerre de Sécession, la traite des Noirs est très lucrative.

Pour le réalisateur noir britannique Steve McQueen et son scénariste afro-américain John Ridley il était important d’aborder l’histoire de l’esclavage avec le témoignage d’un homme libre, auquel le spectateur peut plus facilement s’identifier. Un homme libre qui, lui-même, au début, a du mal à croire à la réalité d’un monde aussi inhumain.

Avec la force et le talent qu’on lui connaît grâce à ses deux premiers films, « Hunger » et « Shame », le cinéaste nous force à ouvrir les yeux sur cette réalité : corps enchaînés, meurtris, ensanglantés, filmés au plus près ; affrontements montrés de face, en longs plans-séquences, comme si le regard ne pouvait se détourner, changer d’angle.

Le film de 2 h 13, interdit aux moins de 12 ans, est-il trop violent, comme le dénoncent certains ? Coups de fouet, bastonnades, tortures, pendaisons…, on en a vu bien d’autres au cinéma, et sur des sujets moins graves. Mais l’intelligence de la mise en scène leur donne ici une vérité qui en décuple l’effet. Avec le contraste entre l’horreur de la situation et la beauté des paysages de Louisiane.

Les acteurs ne sont pas pour rien dans la puissance d’évocation du récit. Chiwetel Ejiofor convainc en faisant partager les évolutions de son personnage, du choc à l’espoir en passant par l’épouvante, le désespoir, l’impuissance, le désir de résister. Michael Fassbender évite à l’odieux et impardonnable esclavagiste qu’il incarne d’être totalement antipathique. Et aussi, notamment, la touchante Lupita Nyong’o, Benedict Cumberbatch, Paul Dano et Brad Pitt, également producteur.

Renée Carton

Source : Le Quotidien du Médecin: 9295