L’âge des possibles

ON CONNAÎT presque mieux Noémie Lvovsky comme comédienne que comme réalisatrice, grâce aux nombreux seconds rôles qu’elle a marqués de son empreinte depuis celui de la sœur d’Yvan Attal dans « Ma femme est une actrice » en 2001 (« les Adieux à la reine », « l’Apollonide », « Actrices »...). « Je joue, j’adore ça, mais je ne suis pas comédienne », tient-elle à préciser. Elle est avant tout scénariste et réalisatrice et signe son 5^e film (6^e si on compte « Petites », fait pour la télévision), le premier, « Oublie-moi », datant de 1994.

On imagine en tout cas mal quelqu’un d’autre qu’elle dans le rôle de Camille. Cette actrice quadragénaire vient d’être larguée par son mari Éric, son amour de jeunesse, et se retrouve, à la suite d’une fête très arrosée, vingt-cinq ans auparavant, à la veille de vivre la période la plus importante de son adolescence. La parenté avec « Peggy Sue s’est mariée », de Francis Ford Coppola, est évidente. Mais Lvovsky et sa Camille ont leur personnalité et leurs problèmes.

Comme chacun sait, on ne peut pas réécrire le passé et savoir si Camille va tomber à nouveau sous le charme d’Éric n’est pas le seul enjeu de l’aventure, qui se veut moins nostalgique qu’interrogative : « Est-ce que le temps nous change au point de devenir quelqu’un d’autre ou est-ce qu’il existe en nous une part d’irréductible. Est-ce que cette part d’irréductible existe dans l’amitié, dans l’amour ? »

On voit bien ce qu’il y a d’irréductible chez la cinéaste comédienne quand elle ne craint pas le ridicule dans les atours flashy d’une gamine des années 1980 ou dans le rôle de la petite fille qui fait chanter du Barbara à ses parents (Yolande Moreau et Michel Vuillermoz).

Mêlant le sourire et la mélancolie, Noémie Lvosky dirige avec empathie sa bande d’acteurs, qui, comme elle, changent d’âge aussi facilement que de costume. Et si on se lasse un peu du procédé, on suit sa Camille avec sympathie jusqu’au dénouement.