« Pride », de Matthew Warchus

Le choc des cultures

Publié le 18/09/2014
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Crédit photo : N. DOVE

Cinéma

Le cinéma britannique peut dire merci à Margaret Thatcher. La rude politique de la Dame de fer, Premier Ministre de 1979 à 1990, a inspiré – en mode dénonciation – quelques-uns des cinéastes et des films les plus marquants de ces trois dernières décennies, de Ken Loach à Mike Leigh, de « Full Monty » à « Hunger », en passant par « les Virtuoses » ou « Billy Elliott ». Et il y a encore beaucoup à dire. Comme raconter l’étonnante alliance de mineurs gallois en grève et d’activistes gays et lesbiens en 1984, un épisode méconnu déniché par le scénariste Stephen Beresford.

L’histoire commence à Londres lors de la Gay Pride. Les militants homosexuels décident de récolter de l’argent pour aider les mineurs. Mais l’Union nationale des mineurs refuse leur don. Alors un groupe embarque à bord d’un vieux minibus pour tenter de remettre l’argent en mains propres à des mineurs… La description du village perdu au fin fond du Pays-de-Galles où il débarque semble caricaturale et le choc des cultures pourrait avoir été imaginé pour la circonstance, mais on nous assure que plus de 80 % du récit est authentique. Peu importe d’ailleurs, car la rencontre est aussi drôle qu’émouvante et difficilement résistible.

Matthew Warchus, metteur en scène de théâtre, mêle avec bonheur comédiens expérimentés (Bill Nighy, Imelda Staunton, Dominic West) et débutants et compose un de ces « feel good movies » à l’humour tout britannique dont on ne saurait se lasser.

Les autres films de la semaine

Avec « Trois Cœurs », Benoît Jacquot nous offre un mélodrame porté par un beau trio, Benoît Poelvoorde, Charlotte Gainsbourg et Chiara Mastroianni. Autre film français, dans le registre comique, « Bon rétablissement », dans lequel Jean Becker, 81 ans, orchestre un savoureux ballet autour du lit d’hôpital où est cloué un « vieux » râleur joué par Gérard Lanvin.

« Un homme très recherché », d’Anton Corbijn, vaut à plusieurs titres : le film est inspiré d’un roman de John Le Carré, évoque la menace du terrorisme islamique au lendemain du 11 septembre et offre au très regretté Philip Seymour Hoffman l’un de ses derniers rôles. Et encore : « Sin City : j’ai tué pour elle », nouvelle adaptation, avec 3D cette fois, de la BD de Frank Miller par Robert Rodriguez ; et un autre mélo, « Si je reste », avec Chloe Grace Moretz dans le rôle d’une jeune fille dans le coma après un accident de voiture.

Pour les cinéphiles, s’impose aussi un petit tour du côté du Forum des images, qui commémore le centenaire de 14-18 avec un cycle intitulé « Quelle connerie la guerre ! », 90 films œuvrant pour la paix, des plus connus (« la Grande Illusion », « le Dictateur », « les Sentiers de la gloire », « Johnny s’en va-t-en guerre ») aux plus rares (« la Zone de la mort », film pacifiste allemand de 1931).

Renée Carton

Source : Le Quotidien du Médecin: 9349