COMMENT, à l’époque du numérique, adapter un roman de 1947, à l’imagination visuelle et poétique forte, marqué par son époque ; un roman que de nombreux lecteurs se sont approprié pour créer leur propre univers de fantaisie ? Michel Gondry, qui a lu le livre lorsqu’il était adolescent, dans les années 1970, et l’a relu deux ou trois fois par la suite, est lui-même un créateur de mondes plus ou moins oniriques (« Eternal Sunshine of the Spotless Mind », « la Science des rêves »…) et partage avec Boris Vian l’idée que les choses sont presque plus vivantes que les gens. Et la fidélité à l’esprit et à nombre d’éléments de l’œuvre ne l’a pas empêché d’inventer des décors (avec Stéphane Rozenbaum), des situations et des images qui enrichissent encore son adaptation aventureuse.
« L’Écume des jours », c’est l’histoire de Colin, un jeune homme idéaliste, de Chloé, qu’il aime, de son ami Chick, toxicodépendant de Jean-Sol Partre (caricature de Jean-Paul Sartre, ami de Vian), et de l’homme à tout-faire Nicolas. Seuls les sentiments, l’amour, l’amitié, sont réalistes. Le reste est surréaliste. Les objets sont animés, changent de taille, d’usage, de nature, dans un joyeux bric-à-brac. Joyeux, et coloré, seulement pendant la première moitié du film. Quand Chloé tombe malade – elle a un nénuphar dans le poumon –, tout devient triste, sombre, les machines s’affolent, les pièces rétrécissent, la couleur s’efface devant le gris.
On peut ne pas tout aimer de l’accumulation d’appareils et engins en tous genres, du bricolage d’étranges gadgets. On peut trouver quelques traductions visuelles maladroites ou un peu lourdes. Mais impossible de résister à l’ensemble de 2 h 05, à la poésie qui en émane, aux rêveries qu’il suscite. Et on ne peut que louer les acteurs qui se sont glissés apparemment sans peine dans le singulier cocktail Vian-Gondry. Romain Duris décontracté et vaguement ironique, Audrey Tautou solaire, Gad Elmaleh lunaire, Omar Sy si sympathique, Aïssa Maïga puissante. Embarquez en leur compagnie, vous ne devriez pas le regretter.
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