« Coupez ! » : c'est avec cette injonction ô combien cinématographique que s'ouvrira le mardi 17 mai le 75e festival de Cannes. En fait, le film de Michel Hazanavicius avec Bérénice Bejo et Romain Duris, qui sortira le même jour sur les écrans, s'intitulait « Z (comme Z) », en hommage au cinéma de genre qu'il parodie en racontant le tournage d'un film de zombies ; mais la lettre Z a pris un autre sens avec son utilisation par les Russes pour la guerre en Ukraine et le titre a été changé au dernier moment. Une façon de montrer la solidarité du monde du cinéma avec le peuple ukrainien.
Entre paillettes et réflexion sur les malheurs du monde, le festival va comme chaque année naviguer tant bien que mal. Il y aura quelques vedettes américaines, comme Tom Cruise, avec son très attendu « Top Gun : Maverick » (qui sortira le 25 mai en France), et Tom Hanks, qui incarne le Colonel Parker dans « Elvis », le film sur Presley du flamboyant Baz Luhrmann (sortie le 25 juin). Ou Robert de Niro, qui participera avec Cristina Aguilera et Ricky Martin au traditionnel gala de l'AmfAR au profit de la lutte contre le sida. Et tandis que l'affiche du festival rend hommage à « the Truman Show », une Palme d'or d'honneur sera remise à Forest Whitaker (prix d'interprétation en 1988 pour « Bird »). Côté français, de nombreux acteurs que l'on aime monteront les marches, à commencer par Vincent Lindon, président du jury.
Avec 21 films en compétition, ce dernier aura de quoi s'occuper. le public français pourra de son côté juger dès le 20 mai « Frère et Sœur » d'Arnaud Desplechin (Marion Cotillard et Melvil Poupaud, haine et amour). Et dès le 25 « les Crimes du futur », de David Cronenberg, avec Viggo Mortensen, Lea Seydoux, Kristen Stewart, qui ne devrait pas laisser indifférent avec son argument basé sur la métamorphose des organes et les mutations à venir du corps humain. Parmi les autres concurrents pour la palme, citons «la Femme de Tchaikovski » de Kirill Serebrennikov, qui a quitté la Russie, « Tori et Lokita » des récidivistes Jean-Pierre et Luc Dardenne (2 palmes d'or), «Armageddon Time », de James Gray, avec Ann Hathaway et Anthony Hopkins (dans les années 1980, une adolescence dans le Queens du promoteur Fred Trump, le père de Donald), ou encore « Un petit frère » de Léonor Serraille, qui suit une famille d'origine ivoirienne en banlieue parisienne de la fin des années 1980 à nos jours.
Autre film que le public pourra découvrir quasiment en même temps que les festivaliers, le 23 mai, « Don Juan », de Serge Bozon, avec Tahar Rahim et Virginie Efira, la maîtresse de cérémonie du festival, un Don Juan obsédé par une seule femme, celle qui l'a abandonné, dans une adaptation très libre de Molière avec chansons et chorégraphies. Il figure dans la section Cannes Première. Car le festival, désireux de ne rater aucune production intéressante inédite, ce n'est pas seulement la compétition. La sélection officielle comprend aussi la toujours passionnante section Un certain regard (« cinéma émergent» avec de nombreux premiers films, « visions singulières »), dont l'ouverture se fera avec « Tirailleurs », avec Omar Sy, deuxième long métrage de Mathieu Vadepied, tourné dans les Ardennes et qui rend hommage à ces Sénégalais héros oubliés de la première guerre mondiale. On y verra aussi «Nos frangins », de Rachid Bouchareb, sur l'affaire Malik Oussekine, et le dernier film de Gaspard Ulliel, « Plus que jamais », d'Emily Atef, avec Vicky Krieps. laquelle est aussi présente dans la même section dans le rôle d'Elisabeth d'Autriche (Sissi) à 40 ans, avec «Corsage », de Marie Kreutzer.
Il y a aussi les films hors compétition, les Séances de minuit et les Séances spéciales. C'est là qu'on trouvera deux documentaires qui devraient faire parler d'eux. « The Natural History of Destruction », documentaire ukrainien de Sergei loznitsa d'après le livre de W. G. Sebald, sur la destruction des populations civiles et des villes allemandes par les bombardements alliés. Et « Salam », dans lequel la chanteuse Diam's, après dix ans de silence, se raconte sur la gloire, la psychiatrie, la quête de sens et sa conversion à l'Islam (réalisé avec Houda Benyamina et Anne Cissé). La polémique est déjà en marche.
À noter qu'une quinzaine de films de la sélection officielle seront projetés du 27 au 29 mai dans 5 cinémas Pathé et Gaumont, à Paris, Rennes, Nantes, Lyon et Toulouse. En attendant, pour ceux qui ne vont pas à Cannes, rendez-vous mardi 17 mai sur France 2 à 19 heures (France Télévisions est désormais le grand partenaire du festival à la place de Canal+).
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